UFC-QUE CHOISIR DE LA SARTHE

Santé

Partage des données de santé : Les consommateurs européens veulent garder la main

Alors que les institutions européennes travaillent à l’élaboration d’un Espace européen des données de santé, l’UFC-Que Choisir, et ses partenaires de 7 pays, membres du Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC), s’inquiètent du projet en discussion, bien trop permissif quant au partage de ces données sensibles. Dévoilant les résultats d’une enquête exclusive(1) sur les attentes des consommateurs français quant à l’usage et au partage de leurs données de santé, l’UFC-Que Choisir appelle les autorités européennes à une série de mesures garantissant aux consommateurs la protection de leur vie privée. 

Partage des données de santé : une pratique bien ancrée en France 

Les plateformes en ligne de santé sont désormais bien ancrées dans le paysage français (Ameli, Doctolib, sites des complémentaires santé…), puisque 96 % des consommateurs déclarent y recourir. Depuis 2022, la France a décidé d’aller plus loin sur la question de l’accès en ligne aux données de santé (comptes rendus d’examens médicaux, examens d’imagerie médicale, traitements prescrits…) en déployant MonEspaceSanté, qui généralise l’usage du dossier médical partagé soutenu par l’UFC-Que Choisir. Les consommateurs y trouvent de nombreux avantages, tels que la limitation du risque de perte de documents ou l’amélioration du suivi médical.

Cependant, ce partage est source d’importantes préoccupations, au premier rang desquelles la crainte du vol de données, citée par près d’un consommateur sur deux (47 %). Dans la perspective d’un partage à l’échelon européen, ils expriment très clairement leur souhait de pouvoir contrôler le type de données partagées, avec qui elles le sont, et dans quel but.

Les consommateurs réticents à un partage européen des données de santé sans leur accord 

Une proposition européenne actuellement en discussion prévoit que les données soient mises à la disposition des professionnels de santé européens qui prennent directement en charge le patient, par le biais de l’Espace européen des données de santé. Si l’utilité d’un tel dispositif est compréhensible (accéder au dossier d’un patient inconscient accueilli aux urgences lors d’un séjour à l’étranger par exemple), elle ne doit pourtant pas masquer les risques de partage de données sensibles (santé sexuelle et reproductive, fournies par exemple par des applications de suivi de cycle menstruel, que 90 % des consommateurs seraient opposés à transmettre). Cela est d’autant plus problématique que c’est un système d’autorisation par défaut qui est actuellement prévu par les autorités européennes (nécessitant une action du patient pour « décocher » l’option partage).

Cette transmission sans consentement serait non seulement incompatible avec le principe fondamental de la législation européenne du consentement exprès et éclairé de partager ses données, mais surtout refusée par les consommateurs, dont 66 % ne sont aujourd’hui pas disposés à partager leurs données à travers les frontières.

Les consommateurs ne veulent pas de partage avec des tiers à des fins lucratives 

Si en France MonEspaceSanté ne permet pas le partage des données de santé en dehors du personnel soignant, la proposition européenne prévoit que toute personne ou entité puisse demander l’accès à des ensembles de données de santé pseudonymisées ou anonymisées. Or un tel partage créerait un risque de réidentification, en particulier pour certaines catégories telles que les données génétiques, qui par définition ne peuvent pas être anonymisées, et peuvent révéler l’état de santé ou bien l’origine ethnique ou familiale d’une personne.

En outre, cette approche très extensive par les autorités européennes est problématique. En effet, en l’état, ce partage serait autorisé même à des fins commerciales, tant que la santé est l’objectif affiché. Cette définition extrêmement large laisse la porte grande ouverte à de nombreuses dérives, permettant à des sociétés pharmaceutiques, d’assurance, ou bien publicitaires d’accéder à ces données pour les exploiter à des fins purement commerciales.

Alors que deux consommateurs sur trois sont opposés à une utilisation de leurs données par des tiers, ils sont 92 % à exprimer une telle réticence si le requérant est une compagnie d’assurance. 

Au vu de ces constats, l’UFC-Que Choisir et le BEUC, soucieux de garantir aux consommateurs la protection de leurs données de santé, demandent aux législateurs européens de : 

  • Prévoir que les consommateurs donnent leur consentement explicite avant que leurs données de santé électroniques personnelles soient utilisées pour leur propre prise en charge médicale dans l’Union européenne ; 

  • Garantir que les consommateurs soient mieux protégés quant à l’utilisation de leurs données de santé à des fins secondaires, notamment commerciales. Cela nécessite : 

  • L’exigence d’un consentement explicite et éclairé avant tout partage avec des tiers ; 

  • L’exclusion du champ d’application des données génétiques, et des données personnelles générées par les applications de bien-être et de santé numérique ; 

  • La restriction des motifs permettant l’accès aux données pour une utilisation secondaire, actuellement trop extensive. 

Dans le cadre de sa campagne #Jenesuispasunedata, l’UFC-Que Choisir rappelle par ailleurs qu’elle met gratuitement à disposition des consommateurs un outil les invitant à reprendre le contrôle sur leurs données personnelles, notamment auprès des compagnies d’assurance ou autres organismes de santé.

Lire l’étude : Etude données santé

UFC-Que Choisir


(1) Enquête coordonnée par le BEUC avec Euroconsumers, conduite en février 2023 auprès de 8 067 consommateurs en France (1002), en Allemagne, Belgique, Espagne, Grèce, Italie, Portugal et République Tchèque. Les associations de consommateurs participantes sont Test Achats (Belgique), dTest (République-Tchèque), UFC-Que Choisir (France), vzbv (Allemagne), EKPIZO and KEPKA (Grèce), Altroconsumo (Italie) and OCU (Espagne) and DECO Proteste (Portugal). L’ensemble des résultats sont présentés dans le document joint. 

8 mai 2023

Les publications « QUE CHOISIR »

Parlons-en avec son rédacteur en chef !

Commerces, banques assurances, santé, commerce en ligne…

Faites-vous respecter !

Consommer n’est pas si simple ! Les publications vous aident à faire vos choix de manière responsable et en sécurité. 

Le Rédacteur en chef du mensuel QUE CHOISIR vient dans la Sarthe pour rencontrer les lecteurs et les adhérents de l’UFC-Que Choisir de la Sarthe.

Venez nombreux le rencontrer pour échanger avec lui autour des publications QUE CHOISIR.

Vendredi 31 mars à 18 heures à la salle Barbara

1 Allée de l’Aigle Noir – 72100 – Le Mans

à l’issue de notre Assemblée Générale

Entrée libre

Les échanges pourront se poursuivre autour du verre de l’amitié.

Les magazines QUE CHOISIR. 

Rappelons que nos magazines sont édités par l’UFC-Que Choisir, association indépendante loi 1901 à but non lucratif qui n’accepte aucune publicité ni petites annonces, refusant toute pression de la part des industriels et de l’État.

Avec les magazines QUE CHOISIR profitez de l’expertise d’une notre équipe qui vous guide en toute indépendance dans tous les domaines (high-tech, santé, alimentaire, auto, électroménager, finances, justice…)

QUE CHOISIR vous conseille au quotidien et vous alerte en permanence des dangers de certains produits. Que Choisir vous guide grâce à ses essais comparatifs et vous permet de choisir ainsi les meilleurs produits au meilleur prix

QUE CHOISIR Santé vous délivre l’information la plus fiable et la plus rigoureuse sur votre santé grâce à l’expertise de praticiens reconnus : (médecins, chercheurs, pharmacologues)

QUE CHOISIR Argent vous aide à gérer astucieusement votre argent en se consacrant à votre budget

QUE CHOISIR Pratique vous donne une véritable documentation juridique à usage courant sur tous les sujets de votre vie quotidienne (logement, location, voisinage…)

Visitez le site

QUE CHOISIR.ORG

Jean-Yves Hervez, Vice-président, UFC-Que Choisir de la Sarthe

7 mars 2023

Accès aux soins : STOP aux déserts médicaux en Sarthe

Alors que les Gouvernements successifs refusent obstinément de contraindre les médecins à s’installer là où les besoins sont les plus importants, l’UFC-Que Choisir de la Sarthe alerte sur l’accès déplorable aux soins dans notre territoire, les résultats commune par commune étant disponibles gratuitement sur www.quechoisir.org. Compte tenu de l’inquiétante proportion de déserts médicaux s’expliquant aussi bien par une mauvaise répartition géographique des médecins que par l’aggravation des dépassements d’honoraires, notre association presse les parlementaires de porter des mesures ambitieuses pour permettre un égal accès aux soins.

L’éloignement géographique des médecins et les dépassements d’honoraires affaiblissent l’égalité d’accès aux soins. Notre analyse, qui combine les deux critères, compare pour chaque commune du département l’accès à quatre catégories de médecins en accès direct (généralistes, ophtalmologues, gynécologues et pédiatres) avec la moyenne nationale.

Présence territoriale des médecins : une situation alarmante pour les spécialistes, surtout pour les gynécologues et les pédiatres.

Dans notre département, l’accès à la médecine de ville est très compliqué pour les spécialistes. En prenant en compte l’offre médicale accessible à moins de 45 minutes de route, notre analyse montre que 60 % des enfants du département vivent dans un désert médical pour l’accès à un pédiatre. 60,3 % des femmes résidant dans la Sarthe vivent dans un désert médical pour l’accès à un gynécologue. Les sarthois sont également confrontés aux pires difficultés pour accéder à un ophtalmologue, les déserts médicaux pour cette spécialité concernant 57,6 % d’entre eux.

Si les déserts médicaux sont moins importants pour les généralistes, la situation n’en reste pas moins préoccupante puisque même en dehors des stricts déserts géographiques médicaux, les usagers peuvent être confrontés à des difficultés d’accès. En effet, au total 55,9 % des habitants du département sont bien moins lotis que la moyenne nationale pour accéder à moins de 30 minutes de route à ce maillon essentiel du parcours de soins.

Visuel 3

Dépassements d’honoraires : un frein majeur à l’accès aux spécialistes

Quand le cabinet d’un médecin est accessible pour les usagers avec un temps de trajet raisonnable, il existe un autre frein : le tarif de la consultation. Ce critère est particulièrement important pour les usagers dont les complémentaires santé ne prennent pas ou peu en charge les dépassements d’honoraires. Or, cette pratique est trop largement répandue parmi les spécialistes.

Dès lors, en ne prenant en compte que les médecins pratiquant le tarif de base de la sécurité social, ce sont en réalité respectivement 64,6 % des enfants, 72 % des femmes et 95,2 % des personnes vivant dans notre département qui subissent un désert médical.

Une carte interactive gratuite pour connaître les résultats par commune et interpeler les parlementaires de la Sarthe

Décidée à alerter et mobiliser l’opinion et les pouvoirs publics sur la situation alarmante de l’accès aux soins géographique et financier dans notre territoire, l’UFC- Que Choisir met gratuitement à disposition sur son site www.quechoisir.org la carte interactive de la fracture sanitaire, pour que chacun puisse vérifier l’accès aux soins à partir de sa commune. Cette carte permet également aux utilisateurs d’interpeller leurs parlementaires pour qu’ils d’œuvrent à la mise en place de mesures concrètes et ambitieuses à même de rendre enfin effectif le principe de l’égal accès aux soins de tous.

En effet, face à l’échec criant des coûteuses mesures d’incitations passées à résorber la fracture sanitaire, les pouvoirs publics doivent de toute urgence changer de braquet et réguler l’installation des médecins.

C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir de la Sarthe demande aux parlementaires du département d’intervenir pour mettre en place :

  • L’instauration d’un conventionnement territorial des médecins ne permettant plus aux médecins de s’installer en zones surdotées, à l’exception du secteur 1 (tarif de la sécurité sociale) quand la situation l’exige (remplacement d’un médecin partant à la retraite ou zone très largement sous-dotée en médecins en secteur 1)
  • La fermeture de l’accès au secteur 2 (à honoraires libres) à l’origine du développement incontrôlé des dépassements d’honoraires. Les nouveaux médecins ne devraient avoir le choix qu’entre un secteur 1 aux honoraires sans dépassements et l’Option de pratique tarifaire maîtrisée (OPTAM), qui encadre les dépassements d’honoraires
  • La suppression des aides publiques aux médecins ne respectant pas le tarif de la sécurité sociale, hors OPTAM
  • L’organisation d’un système de désignation effective d’un médecin traitant à chaque usager qui en fait la demande

 

UFC-Que Choisir de la Sarthe

9 novembre 2022

UFC Que Choisir sur les médias locaux en Mars 2022 pour l’accès aux soins en Sarthe

Les résultats de notre enquête sur les déserts médicaux en Sarthe avec Jean Yves HERVEZ, vice président de UFC QUE CHOISIR 72.

 

ainsi que son interview sur RCF le 29/03/2022

12 mai 2022

Déserts médicaux : la situation s’aggrave, les patients s’impatientent

Avec l’UFC-Que Choisir de la Sarthe, mobilisez-vous le 7 avril

En 2019 nous écrivions : « près d’un médecin généraliste sur deux refuse de nouveau patients ». Ce n’est plus le cas en février 2022. C’est presque 9 médecins ou dentistes sur 10 qui ne prennent pas de nouveaux patients.

Alors que les élections présidentielles approchent, la question des déserts médicaux doit revenir au cœur des sujets selon l’UFC-Que Choisir de la Sarthe.

Elle publie aujourd’hui les résultats alarmants d’une enquête menée auprès de 68 médecins généralistes et 64 dentistes en Sarthe. Ce travail inédit jette un nouvel éclairage sur la problématique de la fracture sanitaire dans la Sarthe : il montre la grande difficulté pour de nombreux Sarthois, à obtenir un rendez-vous chez un généraliste ou un dentiste.

Il ne s’agit même plus d’évaluer le temps d’attente du rendez-vous accordé mais tout simplement force est de constater l’impossibilité pure et simple d’obtenir un rendez-vous.

La pénurie de médecins traitants menace l’accès de tous aux soins de qualité. Cette situation est d’autant plus préoccupante que notre système de santé est organisé depuis quinze ans autour de la figure du médecin traitant, appelé à gérer l’orientation des usagers dans le parcours de soin. En conséquence, ne pas avoir de médecin traitant expose les usagers à une forte pénalisation de leurs remboursements de soins ; encore faudrait-il qu’ils soient en mesure d’en choisir un ! Cette carence est en outre le symptôme d’un problème plus large de mauvaise répartition des médecins sur le territoire du fait d’une liberté totale d’installation, dénoncée de longue date par l’UFC-Que Choisir, et par un nombre croissant d’acteurs (Cour des Comptes, Direction du Trésor, etc.).

Lors de nos précédentes enquêtes, 2012, 2016, 2019 nous avions déjà alerté les pouvoirs publics sur une situation qui se dégradait d’année en année. En 2019, il était impossible d’accéder aux ophtalmologistes En 2022, c’est l’intégralité des praticiens accessibles au premier niveau de soins qui fait défaut. Ceci témoigne, si besoin est, de l’inefficacité des mesures incitatives dont les médecins ont pu bénéficier depuis ces 20 dernières années et de l’urgence d’une réforme de la répartition des praticiens sur le territoire. Cette situation ne peut que s’aggraver quand on sait que l’âge moyen des médecins en Sarthe est de près de 49,8 ans et que la plupart aspireront partir à la retraite dans les 15 prochaines années.

Décidée  à garantir un égal accès aux soins sur tout le territoire, l’UFC-Que Choisir de la Sarthe presse les pouvoirs publics à agir enfin, pour résorber les déserts médicaux qui s’étendent maintenant à tout le territoire de notre département ainsi qu’aux plus grandes villes de celui-ci. L’association appelle les parlementaires à instaurer un conventionnement territorial des médecins qui amènerait les professionnels de santé à exercer là où sont les besoins de la population.

L’UFC-Que choisir de la Sarthe appelle les sarthois(es) à se mobiliser avec elle le 7 avril, journée mondiale de la santé, à partir de 11h30  devant l’ARS (Agence Régionale de Santé) 19 boulevard Paixhans au Mans, pour réclamer un égal accès aux soins pour tous en Sarthe. 

Notre enquête

Objectifs

Nous avons voulu vérifier s’il était possible d’obtenir un rendez-vous aisément et combien de temps il fallait attendre pour l’obtenir.

Le protocole

L’enquête a été administrée du 14 au 21 février 2022,  auprès des médecins généralistes et des chirurgiens-dentistes du département, par les enquêteurs de l’UFC Que Choisir de la Sarthe. Elle a été administrée par téléphone et anonymement. Deux  listes de 70 médecins généralistes et de 70 dentistes ont été établies de façon aléatoire parmi les médecins et dentistes exerçant en Sarthe. Sur les listes des 70 médecins ou dentistes figure une vingtaine de maisons médicales. Ce qui, en réalité, augmente le nombre de praticiens enquêtés (dans chaque maison médicale il y a plusieurs praticiens).

Les enquêteurs devaient agir pour leur propre compte, comme tout patient qu’ils sont.

Le questionnaire

Est-il possible d’avoir un rendez-vous et si oui dans combien de temps ?

Les résultats

9 praticiens sur 10 n’accordent pas de rendez-vous à de futurs patients, qu’ils soient dentistes ou généralistes !

L’impossibilité de prendre rendez-vous par un nouveau patient est souvent indiquée dès le message du répondeur du médecin. Il est facile d’obtenir le secrétariat d’un médecin ou dentiste, avec des temps d’attente de moins de 5 minutes. L’accueil se fait le plus souvent de manière agréable avec une ou un secrétaire disponible et aimable.

 Médecins généralistes

 

 

 

Sur les 64 contacts effectués, 8 rendez-vous ont été accordés, soit 12,5% et 56 rendez-vous refusés soit 87,5%. Le renvoi vers les services d’urgence (le 15) et/ou le service médical de proximité et les services «provisoires», notamment celui de l’hôpital du Mans, est l’attitude la  plus fréquemment observée chez les médecins. Le renvoi vers Doctolib est relativement fréquent. Dans le cas où le rendez-vous était accordé, celui-ci l’était dans un délai très court 1 à 3 jours

 

 

Dentistes

 

 

Sur les 66 contacts effectués, seulement 6 rendez-vous ont été accordés, soit 9% et 60 rendez-vous refusés soit 91%., Il est cependant plus difficile d’obtenir des rendez-vous, les rendez-vous accordés allant d’une semaine à plus d’un mois. Un rendez- vous en janvier 2023 a même été proposé.

Les secrétaires nous demandent de rappeler en cas d’urgence, si les douleurs persistent. Dans 4 cas, il a été proposé à nos enquêteurs une  inscription sur une liste d’attente. Le renvoi vers Doctolib est, comme pour les généralistes, relativement fréquent.

 

 

 

#SOSpatientsendétresse

Jean-Yves Hervez, UFC-Que Choisir Sarthe

 

 

28 mars 2022

Produits ménagers : avec l’UFC-Que Choisir, faites la chasse aux substances indésirables

Alors que la Covid-19 a fait exploser les ventes de produits d’entretien, l’UFC-Que Choisir, sur la base d’un décryptage de 244 références parmi les plus courantes1, alerte sur les substances toxiques bien trop souvent présents dans ces produits. Face à un cadre réglementaire extrêmement laxiste en termes d’éradication des substances indésirables et d’information, l’association exhorte les pouvoirs publics d’agir pour préserver la santé et l’environnement des consommateurs, et appelle ces derniers à peser sur le marché en privilégiant les produits les plus sûrs figurant dans son numéro spécial « Produits ménagers éliminez les toxiques ».

La pandémie de Covid-19 a incité les consommateurs à redoubler d’efforts pour nettoyer leur intérieur… au risque de s’exposer à une kyrielle de substances indésirables : allergènes, cancérigènes ou perturbateurs endocriniens. En effet tous les produits d’entretien, y compris les plus anodins, peuvent exposer quotidiennement à des molécules toxiques, et ce même en respectant les précautions d’usage édictées par le fabricant… Et l’absence d’une liste exhaustive de tous les ingrédients sur les emballages rend particulièrement complexe cette chasse aux substances indésirables.

Pour faire toute la lumière sur ce rayon, les experts de l’UFC-Que Choisir ont étudié la composition de 244 produits ménagers (lessives, adoucissants, nettoyants vitres, meubles, cuisine et WC…), au regard des risques pour la santé humaine et l’environnement. Les résultats sont effarants : à rebours des promesses d’innocuité souvent affichées sur les emballages, près d’un produit décrypté sur 2 (44 %) regorge de composés dangereux.

Un cocktail quotidien de substances nocives pour la santé

Au palmarès des produits les moins recommandables, on relève notamment les détergents multiusages et les lessives liquides qui abusent de parfums et de conservateurs allergisants. Mais les plus problématiques sont certainement les adoucissants qui exposent notre peau tout au long de la journée à un cocktail de substances toxiques, ainsi que les blocs WC qui non seulement contribuent à l’émission de polluants dans l’air, mais sont également particulièrement nocifs pour l’environnement du fait de leurs rejets répétitifs dans les eaux usées.

Acheter des grandes marques n’est souvent d’aucun secours. Ainsi, nombre d’entre elles utilisent des parfums probablement ou suspectés d’être toxiques pour la reproduction et/ou suspectés d’être perturbateur endocrinien et trouvés par exemple dans les nettoyants multiusages ‘Ajax Frais multisurface’ ou ‘St Marc Liquide au bicarbonate’, dans les blocs WC ‘Harpic Bloc active fresh fleurs tropicales’ ou ‘Bref WC Power activ exotic Hawaï2. Certains adoucissants constituent de véritables « cocktails » de produits nocifs, comme ‘Cajoline Intense passion gourmande’ qui compte 5 composés allergisants3, ou ‘Lenor Envolée d’air’ qui en cumule huit4.

Santé, environnement : les promesses sans fondement des fabricants

Pour mieux persuader les consommateurs de l’innocuité de leurs produits, les fabricants multiplient les mentions du type ‘sensitive’ ou ‘écologique’, les images évocatrices de la nature ou encore la mise en avant d’ingrédients traditionnels tels que le savon noir ou le savon de Marseille. Mais la réalité est tout autre : malgré la photo rassurante d’un nourrisson sur l’étiquette, l’assouplissant ‘Soupline Grand air’ contient un parfum toxique pour la reproduction, suspecté d’être perturbateur endocrinien5. Les lingettes ‘Carolin Multiusage au bicarbonate6, l’anticalcaire ‘Cif Nature au vinaigre blanc6, les lessives ‘Persil au savon de Marseille bouquet de Provence7 et ‘Skip Ultimate Sensitive7 contiennent des conservateurs non seulement très allergisants, mais en outre toxiques pour les organismes aquatiques. Quant au liquide vaisselle de ‘Paic fraîcheur citron’ qui se targue d’une formule ‘98 % biodégradable’, il contient un parfum et deux conservateurs ayant des effets néfastes et de longue durée sur l’environnement8. Si on note quelques produits verts lancé par les grandes marques (comme par exemple ‘Cillit Bang’ avec ‘Puissant au naturel’), ceux-ci restent encore trop rares dans les rayons. A l’inverse des marques vertes évaluées (l’Arbre Vert, la Maison Verte, Rainett…) tiennent leur promesse et font quasiment un sans-faute. En effet, leurs produits bénéficient souvent de l’écolabel officiel européen, identifiable à sa petite fleur verte, qui limite les substances nocives pour la santé et garantit un faible impact environnemental.

Des décennies après son combat contre le phosphate dans les lessives, l’UFC-Que Choisir s’indigne de la persistance des substances indésirables dans les produits ménagers et presse les pouvoir publics de renforcer la préservation de la santé et l’environnement des consommateurs en :

  • interdisant dans les formulations les composés cancérigènes, mutagènes, toxiques pour la reproduction et les perturbateurs endocriniens ;
  • faisant figurer sur les emballages la liste de tous les ingrédients présents dans la formule comme pour les produits cosmétiques.

Dans cette attente, l’association appelle les consommateurs à jouer leur rôle de régulateur de marché en privilégiant les produits les plus sûrs listés dans son numéro pratique.

UFC-Que Choisir

 


(1) Résultats complets dans le Pratique n°126 actuellement en kiosque et sur le web.
(2) Butylphenyl methylpropional et pour Bref WC power activ’ exotic Hawai du Tetrahydroxo-4-methyl-2-(2-methylprop-1-enyl)pyranne.
(3) Alpha-isomethylionone, Limonène, Coumarin, Eugenol, Citronellol.
(4) Benzisothiazolinone, Citronellol, Eugenol, Limonène, Alpha-isomethyl-ionone, Coumarin, Linalool, Géraniol.
(5) Le butylphenyl methylpropional.
(6) Méthylchloroisothiazolinone,Méthylisothiazolinone, Benzisothiazolinone.
(7) Méthylisothiazolinone et Octylisothiazolinone.
(8) Limonène, méthylisothiazolinone, méthylchloroisothiazolinone.
8 décembre 2020

Déconfinement – Le retour de la liberté d’aller et venir !

La mise en confinement a profondément impacté les parcours de soins, le déconfinement va entraîner lui aussi des difficultés sur les parcours. Comment revenir à des parcours de santé coordonnés ? Comment assurer les droits fondamentaux des personnes ?

L’organisation des soins et les aides à domicile vont au-delà de la téléconsultation. Le domicile est l’angle mort de cette épidémie. Il faut reconnaître que les soignants ont géré admirablement les situations. L’exclusion de la médecine de ville au stade 1 et 2 n’a probablement pas facilité la continuité des soins. La téléconsultation mise en place a permis de maintenir un lien avec des patients connus mais elle n’est pas accessible à tous (zone blanche, difficulté d’utilisation d’outils numériques).

L’utilisation de tests biologiques ou du traçage numérique des déplacements lors du déconfinement pose des questions éthiques et évoque une ère de la surveillance qui n’est pas loin avec des risques de discriminations !

Toute personne qui souhaite se protéger doit pouvoir le faire, mais doit pouvoir assumer les risques qui la concernent, sans en faire prendre aux autres.

Concilier la responsabilité et la liberté de sortir de chez soi, d’aller et venir, va entraîner au sein des familles des dilemmes éthiques, des prises de décisions complexes, liées à des points de vue divergents entre personnes en situation de handicap ou de maladies chroniques.

Il est important de prendre en considération le vivre ensemble et les conditions de socialisation. Si les mesures de distanciation sociale sont exigées pour tous, le port du masque, n’est pas applicable pour certaines populations comme les enfants, les personnes atteintes de troubles psychiques, les personnes polyhandicapées. Quel est le rapport à l’autre avec le masque ? Quelle stratégie pour que le port du masque soit acceptable par tous ? Quel masque ? Au début de la pandémie, le masque était inefficace, maintenant, il a retrouvé sa légitimité, notamment, celui à usage multiple.

Aujourd’hui, la seule parole qui semble écoutée est celle des experts du monde sanitaire. Les associations, les corps intermédiaires et les bénévoles qui œuvrent beaucoup sont bien souvent oubliés. Pourtant, dans la démarche scientifique, le débat contradictoire permet d’avancer.

 

Pierre Besnard
Responsable santé

18 août 2020

Le recours à la téléconsultation ou au télésoin : une solution pendant et après le confinement

NE NEGLIGEZ PAS VOS SOINS

Surtout n’interrompez pas votre suivi médical.
En l’absence de suivi votre santé risque de se dégrader.


Depuis le confinement, les établissements de santé ont mis en place des circuits séparés pour l’activité «ordinaire» et l’activité pour les personnes ayant un possible Covid-19. Toutefois la crainte perdure de venir à l’hôpital. Probablement que la communication sur ce point n’est pas optimale !

On peut regretter que les associations d’usagers n’aient pas été associées au début de la crise pour les déprogrammations de soins. On peut faire le vœu pour qu’elles soient sollicitées pour intervenir et travailler avec les équipes qui ne sont pas au lit du malade afin de limiter ou éviter les dysfonctionnements pour la reprogrammation des soins ! Comment vont être reprogrammées les consultations déprogrammées, alors que les rendez-vous étaient déjà planifiés à 6 mois ou un an ? Quelles vont être les priorités ?

Cette pratique a connu une forte évolution depuis le mois de mars.

L’objectif est d’assurer la continuité de la prise en charge du patient. La téléconsultation est une alternative à la consultation présentielle. Elle permet de consulter à distance son médecin, une sage-femme ou un chirurgien-dentiste.

Le télésoin permet de communiquer avec un pharmacien et/ou pour des actes par les professionnels de santé (infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes, orthophonistes, ergothérapeutes et psychomotriciens).

Ils sont remboursés et permettent pour les soins liés au COVID :

  • d’assurer une prise en charge à domicile pour les patients présentant les symptômes de l’infection ou reconnus atteints du COVID-19 ;
  • de faire pratiquer le test de dépistage, confirmer le diagnostic clinique, évaluer les signes de gravité et les possibilités de maintien à domicile. Les tests sérologiques, en complément de la RT-PCR, peuvent permettre de répondre à la question « suis-je ou ai-je été malade du COVID-19 ? ». En revanche, les tests sérologiques ne permettent pas de répondre à la question « Suis-je contagieux ?». Enfin, ils ne permettent pas encore de répondre à la question « Suis-je protégé contre le COVID-19 ? » ;
  • de faciliter l’accès aux soins, y compris en cas de besoin de prise en charge aigüe. Ils permettent également d’assurer une continuité de prise en charge chez les patients ayant une maladie chronique et chez les femmes enceintes (séances de préparation à la naissance et à la parentalité et le bilan de prévention) ;

Enfin, ils protègent les professionnels de santé de l’infection ainsi que les patients qu’ils prennent en charge.

Pour les patients n’ayant pas accès à la vidéotransmission, la téléconsultation par téléphone avec son médecin est remboursée par l’assurance maladie, comme les autres téléconsultations, dans les situations suivantes pour les patients :

  • n’ayant pas accès à une connexion internet à haut débit ou très haut débit ;
  • qui sont atteints ou suspectés de COVID-19 ;
  • qui ont une affection de longue durée ;
  • qui sont âgés de plus de 70 ans ;
  • pour les femmes enceintes.

Vous pouvez être accompagné(e) d’un proche, d’un aidant, d’un professionnel de santé. Le secret médical est assuré.

Pierre Besnard
Responsable santé

18 août 2020

Enquête sur les soins déprogrammés pendant la crise : Du retard dans la reprogrammation des soins annulés pendant le confinement

Une enquête de l’UFC-Que Choisir menée auprès de 4654 personnes révèle l’ampleur alarmante du retard pris en matière de reprogrammation des soins à la suite du déconfinement. Alors que les trois quarts des rendez-vous initialement prévus entre le 17 mars et le 11 mai ont été annulés, moins de 20 % avaient fait l’objet d’une reprogrammation au sortir du confinement. Face à l’ampleur et à la persistance de ce retard, notre association appelle le Ministre de la Santé ainsi que les agences régionales de santé à organiser sans délai une parfaite coordination de tous les acteurs, notamment entre structures publiques et structures privées, afin d’accélérer le retour à la normale.

Trois quarts des rendez-vous médicaux annulés pendant le confinement

L’enquête de l’UFC-Que Choisir, qui portait sur les soins médicaux (auprès de médecins spécialistes ainsi qu’en établissements de santé) pendant le confinement, fait apparaître que l’appel des pouvoirs publics à la déprogrammation de toutes les activités chirurgicales et médicales « non urgentes » a été massivement suivi. Ce sont ainsi 74 % des rendez-vous initialement prévus sur la période allant du 17 mars au 11 mai qui ont été annulés par les professionnels de santé. Cela est d’autant plus dommageable qu’un tiers de ces rendez-vous avaient été pris depuis plus de trois mois.

En ce qui concerne les interventions en milieu hospitalier, la communication est trop souvent restée uniquement administrative : seuls 13 % des patients ayant vu leur rendez-vous annulé ont pu avoir un contact direct avec leur chirurgien, pourtant le mieux à même de les informer sur les conséquences médicales de ce report. Pire, la gestion des besoins de soins apparus pendant le confinement a largement failli : 40 % des usagers qui ont estimé avoir besoin d’un rendez-vous auprès d’un spécialiste sans pouvoir attendre la fin du confinement sont restés sans solution.

À l’heure du déconfinement, un système de santé qui peine à rattraper le retard pris

Deux mois de déprogrammation quasi-totale dans de nombreux établissements ont eu pour résultat de créer un interminable embouteillage de patients. L’enquête menée par l’UFC-Que Choisir montre que seuls 20 % des rendez-vous chez des spécialistes annulés pendant la période de confinement avaient été reprogrammés au moment de l’enquête. Plus inquiétant encore, ce niveau de reprogrammation tombait à seulement 12 % pour les opérations et traitements en milieu hospitalier. Si des rendez-vous ont depuis été organisés, difficile d’entrevoir une résorption rapide des soins en attente, alors que les établissements de santé doivent en plus faire face au flux constant de nouveaux patients. Cet afflux est d’autant plus difficile à gérer que les règles d’hygiène drastiques réduisent les capacités de prise en charge du système sanitaire. L’importance des interventions pratiquées et l’impossibilité de les reporter sine die pose la question de l’organisation de la reprise des soins en particulier dans les hôpitaux publics qui seront sans doute les derniers à retrouver un fonctionnement normal.

À situation exceptionnelle, l’urgence de mesures exceptionnelles

Devant l’impossibilité pour l’hôpital public de faire face, seul, à la vague de reprogrammations, il est temps de prendre des mesures fortes pour organiser la continuité des soins. La menace d’une deuxième crise sanitaire, cette fois liée aux déprogrammations de soins, exige que toutes les ressources d’offres de soins territoriales, privées et publiques, soient mobilisées à plein. Il en va de même pour les centres d’imagerie médicale qui accusent des retards considérables. La coordination entre public et privé est une urgence absolue et doit se faire sous l’égide des agences régionales de santé, à même d’orienter les usagers vers les places disponibles.

Persuadée que la clé de cette sortie de crise passe par la mise en place de solutions innovantes devant aboutir à l’utilisation efficiente de toutes les ressources de notre système de santé, l’UFC-Que Choisir :

  • Appelle les agences régionales de santé à mettre en place sans délai un suivi des capacités des différents établissements de soins, y compris des centres d’imagerie médicale, pour orienter les usagers vers les places disponibles.
  • Demande au Ministre de la Santé de garantir que les usagers dirigés vers le privé alors qu’ils avaient initialement rendez-vous dans le public ne se verront pas pénaliser financièrement en particulier par l’application de dépassements d’honoraires.

(1) Enquête en ligne réalisée du 03 au 12 juin 2020, auprès des abonnés à la lettre d’information de quechoisir.org et du réseau d’associations locales de l’UFC-Que Choisir.

7 juillet 2020

Alerte : ne négligez pas vos soins

« Les médecins et le CHM s’inquiètent que des malades par peur du COVID ne viennent plus à leurs rendez-vous.

Surtout n’interrompez pas votre suivi médical, en l’absence de suivi votre santé risque de se dégrader.

En cas de problème nouveau, cardiaque ou AVC ou autre n’hésitez pas à appeler les urgences qui sont disponibles pour tout problème médical urgent.

Si vous reportez un rendez-vous de spécialiste ou de radiologie, vous risquez de devoir attendre des mois avant un autre rendez vous.

En ce qui concerne le CHM, ils peuvent vous rassurer le parcours de soin des COVID a un circuit à part que vous ne croiserez pas, idem chez le médecin traitant et dans les cliniques ».

Information communiquée par l’espace usagers
du Center Hospitalier du Mans (AUCHM)


COVID-19 – Faire face à une maladie chronique pendant le confinement

La Haute Autorité de Santé (HAS) propose un document d’accompagnement destiné aux patients ou à leur entourage ; il a été élaboré en collaboration avec France Assos santé.

N’hésitez pas à le consulter


21 avril 2020