UFC-QUE CHOISIR DE LA SARTHE

Préservation de la ressource en eau

Territoire Mayenne-Sarthe-Loir : qualité de sa ressource en eau

L’eau du robinet est globalement bonne en Sarthe, même s’il faut toujours rester vigilant. Une eau potable peut présenter des facteurs d’interrogation. En effet, des substances nocives peuvent s’y trouver, mais à des doses moindres que les seuils de sécurité retenus. Ces seuils sont-ils si sécuritaires ? Que deviennent-ils dans un effet cocktail ? A quel niveau les mettrait la loi de Haber qui fait de la nocivité le résultat d’une teneur multipliée par sa durée ou fréquence d’exposition ?

Qualités des masses d’eau : plusieurs facteurs

On comprend ainsi, tout l’intérêt de disposer d’une ressource en eau brute la meilleure possible. On minimise alors les coûts de potabilisation, toujours très onéreux et payés par le seul consommateur, même pas responsable.
L’eau bue par les sarthois  est issue, en gros, pour 55 % des eaux souterraines et 45 % des eaux de surface (de l’Huisne pour La Ferté et Le Mans, de la Sarthe pour Sablé et du Loirpour La Flèche…).

Quelle est la qualité de la ressource en eau du territoire ?

L’état  écologique des masses d’eau et des cours d’eau est la synthèse de l’état  physico-chimique et de l’état biologique. La qualité biologique s’appuie sur des inventaires de la faune et de la flore présentes dans l’eau et le milieu. Au niveau de la faune les inventaires portent sur les invertébrés (larves d’insectes…) et les poissons. Les inventaires floristiques reposent sur les macrophytes (plantes visibles à l’œil nu) et les diatomées (algues microscopiques). «L’indice poissons» reflète l’ensemble des pressions sur  le cours d’eau (pollutions, altération de sa morphologie et de l’hydrologie). Quant à «l’indice diatomées», il reflète davantage les pollutions classiques (nitrates, phosphore, pesticides).

Presque la pire des qualités de l’eau de Loire-Bretagne

Rappelons que, pour le bassin versant Mayenne-Sarthe-Loir, seulement 23 % des cours d’eau présentent un bon état écologique et 47 % un état moyen. C’est là une des situations les plus mauvaises du bassin Loire-Bretagne.

Rappelons, toutefois, que le mauvais état des masses d’eau, est souvent le fait de paramètres biologiques, comme la continuité écologique, pas forcément en lien direct avec la pollution chimique de l’eau. Globalement, au niveau des cours d’eau, on a constaté une amélioration sur le paramètre nitrates.

Néanmoins, nitrates, pesticides, quantité, sont 3 paramètres qui font que moins de la moitié des masses d’eau souterraines sont en bon état. Ce sont là des critères importants pour la potabilisation de l’eau. Sur 22 de ces grandes nappes, 11 sont déclassées par les nitrates dont 5, en plus, par les pesticides. Quant à la nappe libre des sables et grès du Cénomanien au niveau du Loir, et celle libre des calcaires tertiaires de Beauce, elles sont déclassées pour des critères quantitatifs. Jadis montrés du doigt, les bretons, ont su réagir pour obtenir 37 % des cours d’eau en bon état écologique et 41 % en état moyen. Saurons-nous en faire autant ?

  • Pour les années à venir nous devrons faire face à un double défi :
    entreprendre la restauration de la quantité et de la qualité des masses d’eau ;
  • s’adapter au réchauffement climatique qui se caractérisera par des variations erratiques de la pluviométrie, des températures et des vents.

Pour cela, contrairement à ce qui a été fait jusqu’alors, il faudra privilégier les solutions préventives, toujours plus efficaces et moins coûteuses que les actions curatives.

Faire évoluer les  systèmes agricoles : une nécessité

On devra apporter une attention particulière à la restauration de la morphologie des cours d’eau, de leur continuité écologique. Il  faudra s’attacher à rétablir le bon fonctionnement des milieux aquatiques en préservant, notamment, les zones humides. Surtout, il faudra orienter et inciter les pratiques agricoles actuelles à limiter fortement le recours aux produits chimiques. Appliquer le principe pollueur-payeur serait  un premier pas. Les solutions pour diminuer l’usage des engrais chimiques et des pesticides de synthèse existent. L’agriculture «bio» en bannit leur usage. Le réseau des fermes Dephy* les a mises en évidence et les fait connaître. Les assolements et rotations des cultures devront être plus variés et s’étaler davantage dans le temps. Par ailleurs, les techniques culturales devront permettre, aussi, aux sols de retrouver sa vie. Enfin, des cultures moins exigeantes en matière de fourniture d’eau devront se développer.

Espérons que le lobby agricole, majoritaire, comprenne cette nécessité et ne prolonge pas la fuite en avant funeste pour tous.

Daniel Galloyer et Alain André, commission environnement de l’UFC-Que Choisir de la Sarthe

*Fermes limitant l’usage des produits phytosanitaires

 

6 août 2018

Sécheresse : pour une vraie réforme de la politique agricole de l’eau !

Alors que le Ministre de la Transition Écologique doit annoncer demain en Conseil des Ministres un plan de « sortie de crise » – la France connaissant un stress hydrique des sols sans précédent avec 80 départements ayant pris des mesures de restrictions – l’UFC-Que Choisir exhorte le gouvernement à faire preuve de courage et d’ambition pour une véritable réforme structurelle de la politique agricole de l’eau.

Face aux errements passés et la gravité de la situation, l’UFC-Que Choisir ne tolérera plus le recours aux mesures palliatives ineptes comme la politique des bassines ou la recherche de nouveaux captages, ou incantatoires avec des engagements de la profession jamais suivis d’effet. Alors que les consommateurs ont été déjà trop largement mis à contribution, l’association demande que l’on s’attaque à la vraie responsable : l’agriculture intensive !

En effet, au-delà du changement climatique, force est de constater la responsabilité de l’agriculture intensive dans le triste état quantitatif et qualitatif de la ressource aquatique, et l’archaïsme des politiques publiques (soutien à l’agriculture intensive, campagnes de dépollution de l’eau plutôt que de prévention, principe du pollué-payeur, etc.) pour remédier à la situation. La multiplication et l’aggravation des périodes de sécheresse exigent clairement aujourd’hui un changement d’orientation et de braquet dans l’action des pouvoirs publics pour la préservation de la ressource.

Alors que la carte de la sécheresse se confond, une nouvelle fois, grandement avec celle de l’irrigation intensive, l’UFC-Que Choisir réclame au gouvernement de s’engager sur trois chantiers fondamentaux pour préserver la ressource aquatique.

Des mesures ambitieuses de prévention de la ressource :

Si près de 96 % des consommateurs peuvent boire leur eau en toute confiance, c’est une bonne qualité trompe l’œil, obtenue au prix de coûteuses campagnes de dépollution de l’eau. Les pollutions agricoles font peser une menace bien réelle sur les ressources en eaux brutes. Ainsi les pollutions en pesticides et en nitrates constituent les premières causes de fermetures de captages en France. L’utilisation de pesticides a par ailleurs augmenté de 22 % entre 2009 et 2014, ce qui explique que ces molécules soient désormais retrouvées dans 92 % des cours d’eau1 ! Les budgets colossaux des agences de l’eau, pourtant chargées de la protection de la ressource, ne sont que très minoritairement utilisés pour des mesures de prévention, de lutte contre ces pollutions étant essentiellement axés sur les politiques de dépollution. Cette gabegie environnementale est rendue possible par une gabegie économique : celle de l’inadmissible principe du pollué-payeur !

L’application stricte du principe préleveur – pollueur-payeur ! 

Aux antipodes du principe pollueur-payeur, les redevances de l’eau sont payés à près de 90 % par les consommateurs alors que les agriculteurs sont les principaux utilisateurs (pas moins de 80 % de consommation nette l’été) et pollueurs de la ressource. Maintes fois dénoncée par l’UFC-Que Choisir mais également la Cour des Comptes, cette criante aberration n’a pourtant, jusqu’à présent, jamais été corrigée. Au-delà du désastre écologique, l’impact financier pour le consommateur est loin d’être anodin : les pollutions agricoles génèrent en effet sur la facture d’eau des dépenses supplémentaires annuelles au minimum comprises entre 640 et 1 140 millions d’euros, soit de 7 % à 12 % de la facture d’eau.

Des aides à la reconversion des pratiques agricoles : 

L’UFC-Que Choisir affirme avec force que ce ne sont pas les agriculteurs qui sont coupables de cette situation, mais les politiques publiques qui les ont contraints à aller vers le productivisme et l’agriculture intensive. Une réorientation des aides agricoles, nationales et européennes, doit donc intervenir au plus vite pour des pratiques plus respectueuses de la ressource, de la santé des populations et de leur environnement.

Communiqué de presse UFC-Que Choisir – Publié le 8 août 2017 par Corentin COPPENS

1 Exprimé en NODU : NOmbre de Doses Unités.

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9 août 2017