UFC-QUE CHOISIR DE LA SARTHE

Agriculture

Des pesticides dans les aliments, encore et toujours.

L’UFC-Que Choisir a rendu publique une analyse critique des 14 000 contrôles sanitaires officiels sur les aliments vendus en France qui révèle que plus de la moitié des fruits et légumes de l’agriculture intensive testés sont contaminés par des pesticides suspectés d’être cancérogènes, toxiques pour la reproduction ou l’ADN ou perturbateurs endocriniens.

Sylviane BOULIERE, conseillère à UFC Que Choir de la Sarthe nous en explique les méfaits sur les ondes de RCF Sarthe.

Lire nos articles du 28 mars et 15 septembre dernier.

2 novembre 2022

Pesticides à risques, 50 % de fruits et légumes contaminés : Le temps n’est plus au laxisme avec les pesticides

L’UFC-Que Choisir rend publique aujourd’hui une analyse critique des 14 000 contrôles sanitaires officiels sur les aliments vendus en France qui révèle que plus de la moitié des fruits et légumes de l’agriculture intensive testés sont contaminés par des pesticides suspectés d’être cancérogènes, toxiques pour la reproduction ou l’ADN ou perturbateurs endocriniens. Sur la base de ce constat inquiétant, et alors que la FNSEA et le Ministre de l’agriculture, instrumentalisant les conséquences de la guerre en Ukraine, demandent de façon irresponsable un abandon des propositions européennes pour renforcer le cadre réglementaire sur les pesticides, l’Association saisit les autorités, dont l’ANSES, pour obtenir des procédures plus strictes d’autorisation des pesticides.

La majorité des produits issus de l’agriculture intensive contaminée et jusqu’à 92 % pour les cerises

L’UFC-Que Choisir a épluché les analyses officielles de 14 000 échantillons de produits bio et conventionnels (1) et a trouvé parmi les pesticides détectés pas moins de 150 substances suspectées d’être cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou perturbateurs endocriniens (2).

Le bilan est particulièrement inquiétant : pour les fruits et légumes de l’agriculture intensive, on révèle la présence d’un de ces pesticides à risque dans plus de la moitié (51 %) des contrôles et d’au moins deux pesticides à risques pour 30 % des contrôles. Loin de ne concerner que des traces infinitésimales non quantifiables, dans près d’un cas sur deux (43 %), les autorités ont été en capacité de mesurer les doses de ces substances.

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On retrouve par exemple dans plus d’un quart des pomélos analysés (27,4 %), du pyriproxyfène, fortement suspecté d’être un perturbateur endocrinien et d’avoir contribué à des malformations de la tête et du cerveau observées au Brésil. Parmi les aliments les plus contaminés, on trouve les pommes (80 % des échantillons) où l’on détecte fréquemment du fludioxonil (48 % des échantillons), un fongicide suspecté d’être un perturbateur endocrinien, ou encore la quasi-totalité des cerises (92 % des échantillons) notamment contaminées en phosmet (47 % des échantillons), un insecticide suspecté par l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (Aesa) d’être toxique pour la fonction reproductrice.

Le bio, meilleur moyen d’éviter les pesticides pour les consommateurs les plus sensibles

À l’inverse, l’étude de l’UFC-Que Choisir montre que les aliments bio sont beaucoup moins contaminés notamment en raison de l’interdiction des pesticides de synthèse pour ce mode de production. Par rapport à leurs équivalents de l’agriculture intensive, on relève pratiquement six fois moins d’échantillons de tomates bio contaminées par des pesticides à risques (1 échantillon sur 10 en bio contre près de 6 sur 10 en conventionnel), sept fois moins pour les haricots verts bio et huit fois moins pour les pommes.

Dans les rares cas, où le bio est contaminé, les teneurs relevées en pesticides à risque sont également beaucoup plus faibles qu’en conventionnel. Elles ne sont quantifiables que pour 8 % des échantillons, dans tous les autres cas les substances étant généralement absentes ou présentes à l’état de traces non quantifiables. Conformément aux recommandations du Programme National Nutrition Santé (PNNS) du Ministère de la Santé, les produits de l’agriculture biologique constituent donc un recours pour les consommateurs, notamment les plus sensibles aux effets de ces molécules : femmes enceintes, enfants et adolescents. Mais il n’est pas admissible de devoir obliger les consommateurs à se reporter sur une offre plus chère, alors que ces constats globaux inquiétants sont le résultat d’un cadre réglementaire particulièrement laxiste.

Des procédures de contrôle biaisées et obsolètes

Alors que les bilans des contrôles sanitaires sur les produits alimentaires donnent régulièrement lieu à des satisfécits officiels, l’analyse critique de l’UFC-Que Choisir démontre que la réglementation actuelle en matière de pesticides ne permet pas de garantir l’absence de risque dans les aliments. En effet, ces contrôles tiennent essentiellement compte des limites maximales de résidus autorisées (LMR) par la réglementation. Mais les substances susceptibles d’être cancérogènes, toxiques pour les fonctions reproductrices ou les perturbateurs endocriniens, pourraient être nocives pour la santé même à très faibles doses. La conformité aux LMR est donc une notion obsolète qui n’offre pas de protection suffisante pour ces substances dont aucune trace ne devrait être tolérée, d’autant plus que leur action peut être accrue lorsqu’elles sont présentes en mélange (effet cocktail).

Les procédures d’autorisation des pesticides se révèlent également particulièrement biaisées. Bien que les études indépendantes s’accumulent pour alerter sur la dangerosité de certains pesticides, les agences sanitaires continuent de les autoriser sur la seule base des études transmises par les fabricants. Plus consternant encore, elles attendent généralement la fin des périodes d’autorisation pour procéder aux réévaluations. Ainsi le pyriproxyfène, évoqué plus haut, ne sera réexaminé qu’en 2035 !

Les divergences entre instances officielles constituent des failles supplémentaires de la réglementation. Malgré l’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) qui considère le glyphosate comme un cancérogène probable, la Commission Européenne a prolongé en 2017 son utilisation de 5 ans. Quant à la France, faisant fi de l’interdiction européenne des néonicotinoïdes, elle a également prolongé l’utilisation de certains d’entre eux (3) sur la betterave au moins jusqu’à la fin 2022. Rappelons que ces pesticides tueurs d’abeilles sont également soupçonnés d’agir sur le développement du système nerveux humain.

Comment, face à l’omniprésence des pesticides à risque dans l’alimentation, admettre un renoncement à l’ambition européenne salvatrice de réduire drastiquement leur utilisation en amont ? Cette posture de la FNSEA et dans sa suite, celle du Ministre de l’Agriculture, sont inadmissibles. Sur la base de son étude, l’UFC-Que Choisir exige un renforcement du cadre réglementaire national et européen, à travers :

  • La remise à plat des procédures d’autorisation et notamment l’élaboration de méthodologies officielles pour mieux identifier les composés cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques ou les perturbateurs endocriniens, ainsi que les effets en mélange de substances (effet cocktail) ;
  • Des contre-analyses indépendantes réalisées sous la responsabilité des agences sanitaires en cas de doute sur la nocivité de certains pesticides ;
  • L’interdiction immédiate de commercialisation et d’utilisation des molécules les plus à risques, en application du principe de précaution.

À cet effet, l’Association saisit l’Anses pour que celle-ci formule des propositions concrètes d’amélioration de la réglementation.

L’UFC-Que Choisir met à la disposition de tous les résultats complets de son analyse en libre consultation.

 

UFC-Que Choisir


(1) Données basées sur des contrôles effectués en 2019 par les services officiels en partie sur des échantillons prélevés au hasard et en partie sur des produits jugés à risque. Les résultats ont été publiés par le ministère de l’Agriculture.

(2) Sur la base de la liste des « Substances chimiques d’intérêt en raison de leur activité endocrine potentielle » publiée par l’Anses en avril 2021 et celle définie par le règlement européen n° 1272/2008 pour les substances considérées comme CMR (cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques) avérées, présumées ou suspectées.

(3) Pour l’imidaclopride fortement suspecté d’être perturbateur endocrinien et le thiamethoxam suspecté d’être reprotoxique et perturbateur endocrinien.

28 mars 2022

Affichage environnemental : l’Ecoscore risque de promouvoir l’agriculture intensive

La loi relative à la lutte contre le gaspillage1 prévoit l’entrée en vigueur fin 2021 d’une étiquette environnementale – le futur « Ecoscore » – pour les produits agricoles et alimentaires. Mieux informer les consommateurs sur l’impact environnemental des produits est une excellente initiative. Encore faut-il que la méthode utilisée intègre tous les critères de durabilité !

Or, pour le moment, la méthode envisagée2 pour servir de base à cet Ecoscore ne prend pas correctement en compte les atteintes à la biodiversité et l’impact des pesticides. En effet, les impacts environnementaux calculés à partir de la base de données agricoles Agribalyse, qui jouera un rôle central dans l’Ecoscore, sont erronés car incomplets. Ils favorisent de manière aberrante l’agriculture intensive.

Qui plus est, cette base de données a été rendue publique prématurément, en dépit des critiques soulevées par de nombreux acteurs associatifs et professionnels.

Nous demandons donc à Barbara Pompili et Julien Denormandie le retrait des données de durabilité inexactes d’Agribalyse et le report du calendrier de l’étiquette environnementale afin que la méthode soit complétée et si besoin repensée. Il y a urgence si l’on veut éviter que certains acteurs de l’agroalimentaire n’utilisent ces données biaisées à des fins de greenwashing !

L’œuf de poule en cage, élu produit de l’année pour l’environnement ?

La loi prévoit que la future étiquette s’appuie « principalement » sur l’ACV (Analyse du Cycle de Vie), outil conçu pour noter les produits industriels. Or, cet outil calcule les impacts environnementaux en fonction des rendements, à savoir au kg ou au litre de produit fini. L’ACV donne un avantage significatif aux modes de production les plus intensifs. Elle ne tient aucun compte de l’usage de pesticides ou des antibiotiques ni de leurs impacts sur la santé, la qualité des sols, de l’air ou de l’eau. A l’inverse, les bénéfices de l’agriculture biologique ou de l’élevage en plein air sur la biodiversité et le bien-être animal ne sont pas intégrés dans les indicateurs3.

Appliqué à l’agriculture, cela signifie que celui qui produit le plus sur la plus petite surface a la meilleure note, quelle que soit la façon dont on produit. « On va laisser croire au consommateur que la ferme des 1000 vaches ou l’élevage de poules en cage c’est ce qui se fait de mieux pour l’environnement ! » explique Agathe Gignoux de CIWF.

« En l’état, cette méthodologie met en avant des systèmes agricoles qui sont à l’opposé de ceux qui sont réellement favorables à l’environnement et que nous souhaitons promouvoir ! Nous sommes prêts à transmettre nos propositions pour transformer Agribalyse en véritable outil de progrès pour l’environnement, la santé des consommateurs et le monde agricole. Nous espérons pouvoir travailler avec les promoteurs du projet pour avancer. » déclare Cécile Claveirole, Secrétaire nationale de France Nature Environnement.

Pour corriger les biais de l’ACV, le futur Ecoscore devra donc intégrer dans les bonnes proportions des indicateurs complémentaires permettant de rendre véritablement compte de la durabilité des pratiques agricoles. Nous serons très vigilants sur la définition de ces indicateurs et souhaitons que la société civile soit beaucoup plus étroitement associée à ces travaux pilotés par l’ADEME.

Une communication trompeuse pour les consommateurs

Il y a urgence à agir car, sans se préoccuper de ces biais, des acteurs de l’agroalimentaire se sont déjà saisis des données d’Agribalyse pour communiquer sur une soi-disant excellence environnementale4. Pire encore, la commande publique s’est déjà emparée de l’outil !

« Tout cela est très préjudiciable à l’information des consommateurs » dit Alain Bazot, Président de l’UFC-Que Choisir.

« Les professionnels de l’agriculture biologique ont bâti au fil du temps une relation de confiance avec les consommateurs sur la base d’un haut niveau d’exigence environnementale. Le projet d’Ecoscore ne doit pas créer la confusion et fragiliser cet acquis. Nous avons besoin de plus de cohérence du côté des politiques publiques sur le contenu et le sens qu’on veut donner à la transition agricole et alimentaire. En l’état, le projet d’Ecoscore brouille les messages de manière très préoccupante. » explique Didier Perréol, Président du Synabio.

Pour en savoir, lisez l’ANNEXE.

UFC-Que Choisir de la Sarthe


(1) Article 15 LOI n° 2020-105 du 10 février 2020.
(2) En application de la loi économie circulaire de février 2020, une expérimentation a été lancée pour préfigurer l’Ecoscore. Pilotée par l’Ademe et l’Inrae, elle doit notamment permettre de définir les indicateurs à retenir et les formats d’étiquetage.
(3) http://itab.asso.fr/activites/Agribalyse.php et voir exemples chiffrés en annexe.
17 décembre 2020

Deux ans après la promulgation de la loi EGalim, ses ambitions sont définitivement enterrées !

Deux ans après l’adoption de la loi EGalim1, un collectif de 28 syndicats et associations publie un bilan dont le constat d’échec est sans appel : la quasi-totalité des indicateurs est au rouge et des reculs sont à noter. Presque aucune des ambitions et bonnes intentions déclarées en grande pompe n’ont été suivies d’effet.

Cette note d’analyse dresse le bilan des États Généraux de l’Alimentation et de la loi EGalim et prend acte de leur enterrement ! Avec lui, ce sont aussi les principales ambitions du quinquennat pour la transition sociale et écologique du système agroalimentaire qui sont à la dérive. Nous dénonçons :

  • Le revenu paysan n’est pas revalorisé, les profits de l’industrie et de la distribution continuent d’augmenter, les prix au consommateur aussi.
  • Les négociations commerciales ne sont pas plus encadrées qu’avant et subissent même des tensions croissantes.
  • Les ambitions en matière de réduction de pesticides ont été revues à la baisse, avec un recul notable : le retour des néonicotinoïdes.
  • La protection des riverains contre les pesticides n’a pas avancé, l’Etat se défausse en livrant cette protection au rapport de forces sur les territoires.
  • Les objectifs d’au moins 20 % de bio dans la restauration collective et de 15 % de surface en agriculture biologique en 2022 ne pourront être atteints faute de moyens suffisants. Nous n’en sommes respectivement qu’à 4,5 % et 8,5 %.
  • Aucune transition des modes d’élevage, intégrant notamment une meilleure prise en compte du bien-être animal, n’a été sérieusement amorcée au sein des filières.
  • Enfin, la loi a laissé de côté de nombreuses questions pour lesquelles tous les indicateurs sont au rouge : climat, solidarité internationale, biodiversité, nutrition et alimentation…

Il y a un an, nos organisations2 alertaient déjà sur le manque de volonté et de moyens pour assurer la mise en œuvre d’une loi EGalim déjà peu ambitieuse. Là où nous attendions des amorces de transition, nous constatons au mieux des statuts quo, au pire de nouveaux reculs comme sur les néonicotinoïdes. Là où les réformes engagées devaient permettre de revaloriser le revenu des paysans, celui-ci continue à se dégrader au profit de l’agro-industrie. Là où des objectifs intéressants étaient fixés pour la restauration collective, ils paraissent aujourd’hui hors d’atteinte tant les collectivités sont laissées livrées à elles-mêmes.

Or la dégradation du contexte social et environnemental se poursuit : la consommation de pesticides ne recule pas, le nombre de paysan·ne·s diminue, la biodiversité continue de s’effondrer, l’insécurité alimentaire explose en France et partout dans le monde…

D’autres leviers auraient permis de corriger le tir : projet de loi de finances, projet de loi de financement de la sécurité sociale, plan de relance, mise en œuvre de la Convention citoyenne pour le climat… Mais tout indique, à ce stade, que le gouvernement confortera l’immobilisme qui prévaut depuis le discours de Rungis. La position de la France dans le cadre de la réforme de la PAC et notamment le Plan Stratégique National reste un des derniers leviers de ce quinquennat pour agir en faveur d’une transition agroécologique. Et le plan de relance français dans son volet agricole ne doit pas, lui, aller à son encontre. Nos organisations vont donc maintenir la pression.

 

Consultez notre bilan des Etats Généraux de l’Alimentation :
2 ans après, la loi EGalim définitivement à l’abandon.

 


(1) La loi pour l’Équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et une alimentation saine, durable et accessible à tous.
(2) Plateforme Citoyenne pour une transition agricole et alimentaire : Attac, CCFD-Terre Solidaire, CFSI, CIWF France, Commerce Équitable France, Confédération paysanne, Foodwatch France, Fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l’Homme, Fédération Nationale d’Agriculture Biologique, France Nature Environnement, Eau et Rivières de Bretagne, Générations Futures, Greenpeace France, Miramap, Nature et Progrès, Réseau Action Climat, Secours Catholique, Caritas France, SOL (Alternatives Agroécologiques et Solidaires), Terre & Humanisme, UFC-Que Choisir, Union Nationale de l’Apiculture Française, Welfarm, WWF. Lien vers le décryptage : https://reseauactionclimat.org/wp-content/uploads/2019/10/decryptage-loi-egalim.pdf
3 novembre 2020

Crise de l’élevage : un modèle agricole à bout de souffle !

Cet été les éleveurs ont manifesté, souvent violemment, leur inquiétude face à une problématique : la faiblesse de leurs revenus. L’UFC-Que Choisir a considéré à l’époque que c’était  un sujet qui ne concernait pas les consommateurs.

Malgré tout, quelques mois après ces manifestations, il est urgent de réaffirmer que le consommateur n’est pas seulement une partie faible à protéger mais un acteur qui a le droit de participer à la régulation des marchés. C’est ce que semblent avoir oublié (ou peut-être jamais compris) les élus  qui privilégient la relation avec le monde économique qu’il soit industriel ou agricole.

Nous sommes pourtant plus de 60 millions !

Le consommateur a le droit de savoir, non seulement d’où vient ce qu’il mange, mais aussi comment on le produit.

Dans une récente enquête que nous venons d’effectuer (plus de 32 000 répondants), l’alimentation arrive en 3ème position sur le podium des préoccupations des consommateurs français derrière la santé et les banques. La traçabilité des aliments est la préoccupation de 73 % d’entre eux et 63 % sont favorables à une agriculture respectueuse de son environnement.  Ce sont des éléments nouveaux qui n’apparaissaient pas lors de notre précédente étude en 2011.

Au final, on assiste à l’émergence d’un consommateur éveillé, en demande d’informations. Il est plus exigeant en termes de transparence sur ce qu’il achète.

Que veulent les consommateurs par rapport aux denrées alimentaires ?

  • Le droit à une information fiable

Les emballages des produits transformés mettent en avant des allégations marketing qui ne servent à rien pour le consommateur, sinon à vanter les mérites de la marque. Aucune indication sur la provenance de la viande, ni sur l’ingrédient principal n’y paraît.

Pour ce qui est des mentions volontaires existantes faisant référence à une origine française (par exemple, « viandes de France »), l’UFC-Que Choisir rappelle qu’elles ne sont pas en soi des garanties de qualité. En revanche, ces indications vont évidemment dans le sens d’une meilleure information du consommateur.

  • La transparence sur les prix

Depuis le début des années 2000, les courbes des produits frais à la production et des produits frais à la distribution n’ont pas arrêté de s’écarter. Cette anomalie, nous l’avons constatée au moment du passage à l’euro et à la flambée du prix des matières premières qui a suivi. Pour l’UFC-Que Choisir, les prix des produits alimentaires mis en rayons doivent refléter fidèlement l’évolution des coûts des matières premières.

Une exigence qui vaut particulièrement pour les denrées brutes ou faiblement transformées, le prix des matières premières représentant une part significative du prix final. Cela reste un vœu pieu.

La grande distribution répercute les hausses mais oublie de répercuter les baisses pour les consommateurs.

  • La sécurité des aliments

Des récentes crises agricoles (vaches folles, viande de cheval dans les lasagnes…) nous ont montré que le système n’était pas aussi protecteur que l’on veut bien le faire croire. On ne rétablira pas la confiance des consommateurs par l’unique communication mais par des actes montrant que leurs préoccupations sont bien prises en compte. Nous en sommes loin pour l’instant.

Le consommateur a le droit de savoir non seulement d’où vient ce qu’il mange, mais aussi comment on le produit. Si l’élevage français se donne les moyens de garantir sa qualité, le consommateur lui donnera sa préférence et acceptera de payer plus cher.

Une  vision à long terme pour l’élevage français s’impose !

Il faut changer de cap en misant sur la qualité pour aller vers une véritable agro-écologie respectueuse des sols, de l’eau, de l’environnement d’une manière générale et naturellement des consommateurs. ¡

Jean-Yves Hervez, responsable national de la commission agriculture et alimentation 

« Le consommateur 72 de décembre 2015 » p. 7

 

28 février 2016

Origine des viandes : exigeons la transparence !

Pétition pour un étiquetage obligatoire

L’UFC Que Choisir de la Sarthe appelle l’ensemble des consommateurs à signer cette pétition dont vous trouverez le texte en cliquant sur le lien ci-dessous. Cet appel à signer est à l’initiative de l’UFC Que Choisir, de la FNSEA, des  Jeunes agriculteurs et Coop de France. Cette convergence sur ce dossier ne doit pas masquer les divergences que nous avons par ailleurs avec ces organisations.

Signer la pétition : cliquez ICI

« Alors que plus d’un produit transformé sur deux (54% source UFC-Que Choisir) ne mentionne toujours pas le pays d’origine de la viande qu’il contient, l’UFC-Que Choisir, la FNSEA et ses associations spécialisées, Jeunes Agriculteurs et Coop de France, lassés de l’inaction des pouvoirs publics européens, ont décidé d’unir leurs voix et leurs forces à l’occasion du Salon de l’Agriculture. … »

Lire la suite du communiqué de presse sur quechoisir.org

Jean-Yves Hervez, Vice-président, UFC-Que Choisir de la Sarthe

27 février 2016

Crise agricole et intérêts des consommateurs : lettre ouverte à Mme La Préfète de la Sarthe

Le Mans, le 29 janvier 2016

Madame la Préfète de la Sarthe

Actuellement, les agriculteurs manifestent pour des problèmes concernant leurs revenus.
Ils exigent une augmentation des prix à la production. « Des prix, pas de subventions », peut-on lire sur les banderoles.

L’UFC-Que Choisir dans une étude réalisée en 2009 avait déjà constaté et dénoncé un écart anormal, depuis le début des années 2000, entre les courbes des prix à la production et des prix à la consommation. Ceci perdure. Nous avons démontré que pour un steak haché de 125 g le prix était resté stable pour le consommateur entre 2013 et 2014, que pendant le même temps le prix de vente éleveur avait baissé de 8 %, que les marges brutes de l’industrie avaient baissé de 1,2 %  alors que celles de la distribution avaient augmenté de 15 %.

Pour mémoire ce prix de vente éleveur était en moyenne légèrement inférieur au prix de revient, en clair il ne permet pas actuellement aux éleveurs de dégager un bénéfice ! La marge de la grande distribution a donc augmenté à la faveur de la baisse des prix agricoles, privant ainsi les consommateurs et les éleveurs des effets de cette baisse !

Dans ce contexte, les consommateurs Que Choisir de la Sarthe, tiennent à vous informer que, dans une enquête auprès de 32 000 consommateurs réalisée en 2015, l’alimentation arrive en 3e  position sur le podium de leurs préoccupations. La traçabilité de leurs aliments est réclamée par 73 % d’entre eux, y compris sur les produits transformés. Ils sont favorables à une agriculture respectueuse de leur environnement pour 65 % d’entre eux.

Les consommateurs réclament le droit à une information fiable, la transparence sur les prix et la sécurité des aliments. Ils sont un partenaire économique à part entière et veulent en conséquence être informés et consultés sur d’éventuelles ententes sur les prix qui se feraient à leur détriment.

En vous remerciant de l’attention que vous voudrez bien porter à cette demande, veuillez croire, Madame la Préfète, en l’assurance de ma parfaite considération.

Evelyne Gaubert

Présidente de l’UFC-Que Choisir de la Sarthe

7 février 2016

« Soigneurs de terre » : un excellent reportage de France 2 sur l’agriculture et l’agro écologie

Pour l’UFC-Que Choisir de la Sarthe, une  vision à long terme pour l’agriculture française s’impose.

Ce reportage, porté par le ministre de l‘agriculture Sréphane Le Foll, montre bien les limites de l’agriculture chimique. Il faut changer de cap pour aller vers une véritable agro-écologie respectueuse des sols, de l’eau, de l’environnement d’une manière générale et naturellement des consommateurs.

« Le magazine « 13h15 le dimanche »diffusé sur France 2 a rencontré les « médecins des sols » Claude et Lydia Bourguignon. Ces biologistes affirment que « l’agriculture conventionnelle est un massacre pour les sols… Elle anéantit leur fertilité ». Ils trouvent des remèdes pour soigner les terres exsangues. Jean-Christophe Bady, « repenti » de l’agriculture intensive, n’utilise ni engrais ni pesticides pour des raisons de santé et fait le choix de l’agro-écologie… sans recevoir d’aide de l’Etat.

Emmanuelle Chartoire, Clément Montfort, David Geoffrion et Mathieu Houel ont suivi le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, pour qui le modèle agro-écologique n’a que des avantages : plus sain, moins cher, durable et même plus productif ! Le maraîcher normand Charles-Hervé Gruyer exploite depuis une dizaine d’années une ferme agro-écologique de pointe, au rendement dix fois supérieur à celui d’un maraîcher classique. Les pionniers du changement sont déjà à l’œuvre, aux petits soins du bien commun des hommes, la Terre. »   (Source France TV Info)

Visionner le reportage : « Soigneurs de terre »

Jean-Yves Hervez, Vice-Président UFC-Que Choisir de la Sarthe

6 février 2016

Crise de la viande : les constats et les demandes de l’UFC-Que Choisir

Face à l’actualité récente sur les revendications du monde agricole, l’UFC-Que Choisir renouvelle son constat récurrent :

Années après années, si les augmentations de prix des matières premières agricoles sont systématiquement répercutées aux consommateurs, en revanche les baisses de prix agricoles ne sont pas ou très mal répercutées aux consommateurs.

Pour exemple le prix du steak haché de marque de distributeur 125 g (source : UFC-Que Choisir et Observatoire de la formation des prix et des marges) :

tableau viandeLa marge de la grande distribution a donc augmenté à la faveur de la baisse des prix agricoles, privant ainsi les consommateurs et les éleveurs des effets de cette baisse !

L’UFC-Que Choisir rappelle d’autre part ses demandes de transparence quant à l’étiquetage d’origine, en particulier l’indication obligatoire de l’origine des ingrédients dans les produits transformés (par ex. : charcuteries, plats transformés …) dans le but de contribuer par le biais de cette transparence à une sécurisation de la traçabilité.
S’agissant d’un affichage volontaire faisant référence à une origine française (par ex : ‘viandes de France’), si ces marquages ne sont pas en soi des garanties de qualité, et bien qu’elles ne puissent se substituer à l’obligation réglementaire générale que nous demandons, ce sont des démarches volontaires qui vont dans le sens d’une plus grande transparence.

Retrouvez l’intervention d’Olivier Andrault, chargé de mission de l’UFC-Que Choisir, sur ce sujet sur BFMTV (replay).

UFC-Que Choisir de la Sarthe

23 juillet 2015

Le discours prononcé ce jour par Alain BAZOT à l’occasion de la présentation des vœux de l’UFC-Que Choisir.

Intervention d’Alain BAZOT, Président de l’UFC-Que Choisir à l’occasion de la présentation des Objectifs 2015

Bonjour à tous,

Vous êtes nombreux à vous être rendus disponibles à l’heure du déjeuner pour ce traditionnel rendez-vous de l’UFC-Que Choisir, je tiens à vous en remercier chaleureusement. J’espère que mon discours consumériste ne vous mènera pas à l’indigestion, cette indisposition dont semble être malheureusement affectés certains membres du gouvernement qui désormais et bien souvent, mettent au régime sec les volets consuméristes de leurs textes de Loi, voire reviennent sur des avancées fraichement obtenues … J’espère au contraire que ce moment convivial vous mettra en appétit pour défendre et promouvoir l’intérêt individuel et collectif des consommateurs, ou à tout le moins partager l’idée que la recette d’une économie performante passe par un consumérisme reconnu. L’image culinaire n’est pas anodine, tant l’année écoulée aura été riche en saveurs pour les consommateurs et l’UFC-Que Choisir dans toutes ses composantes : ses 150 associations locales, ses 142.000 adhérents, 5000 bénévoles, 300 salariés. Si je ne vais pas détailler par le menu tous les projets et actions de l’année écoulée, permettez-moi de revenir sur les plats principaux.

En entrée, l’information des consommateurs : à l’heure où les consommateurs sont ensevelis sous une offre pléthorique, surabondante, multi supports, contradictoire, en partie gratuite, la plus redoutable ! et parfois manipulée, ils n’ont pas perdu le goût d’une information indépendante, experte et vraiment utile, bien au contraire. Malgré la concurrence d’Internet, et en dépit des difficultés du secteur, nos abonnements papiers se sont stabilisés autour des 400 0000, l’activité d’édition est toujours aussi intense avec notamment le succès de la vente en librairies de nos ouvrages, et si nos ventes en kiosque ont quelque peu décru, c’est qu’un flot de nouveaux abonnés web est arrivé en 2014 nous permettant d’atteindre fièrement les 90 000 abonnés à quechoisir en ligne, soit 16% de croissance.

Cet appétit s’est retrouvé également dans la consultation massive, plus de 200 000 visiteurs uniques, de notre carte sur la qualité de l’eau potable, sujet majeur puisque, faut-il le rappeler, l’objectif européen d’un bon état écologique des eaux en 2015 est loin d’être atteint ! Une information pertinente, c’est aussi la mise à disposition de nouveaux comparateurs indépendants comme le comparateur énergie ou celui sur les fournisseurs d’accès à Internet pour donner les clés du bon choix dans un contexte de crise, prenant en compte non seulement le prix mais encore la qualité de service et des contrat sûrs. Chaque mois, c’est plus de 500 000 personnes qui consultent ces outils.

Mais au-delà de l’information, indéniablement le mets le plus copieux de l’année écoulée tient aux victoires politiques de l’association. Législatives d’abord avec la promulgation de la Loi HAMON et ses nombreuses avancées sectorielles obtenues après un intense lobbying de notre part, et je n’ai pas honte d’utiliser ce mot : lutte contre l’obsolescence organisée, service d’aide à la mobilité bancaire, résiliation infra annuelle des assurances, ou encore facturation au quart d’heure des parkings. Dans le domaine du logement, la Loi Duflot a entendu « déloger » les abus maintes fois dénoncés par l’association en matière de rapports locatifs et de syndics ou encore en encadrant mieux l’activité des marchands de rêves que sont les vendeurs de liste….. Enfin, dans le secteur de la santé, comment ne pas saluer l’adoption, par le Sénat, de la proposition de loi visant à mettre au ban le régime spécifique de la sécurité sociale étudiante, fâcheuse exception française, même si la copie sénatoriale tarde à être examinée par l’Assemblée?

L’association a également connu des victoires en dehors des hémicycles, notamment dans les prétoires. Et à ce sujet, je voudrais saluer le précieux appui judiciaire des associations locales auprès des consommateurs dans le cadre de litiges sériels, appui ayant notamment permis à ces derniers d’obtenir des décisions de justice favorables devant les juges de proximité ou les tribunaux d’instance s’agissant des montages financiers complexes liés à des travaux d’économie d’énergie ou des adoucisseurs d’eau comme dans l’affaire « SUN WATER » .

Qui dit mets copieux, dit plats de résistance. Or, en 2014, l’UFC-Que Choisir a essuyé encore bon nombre de déni de réalité, de contrevérités de la part de professionnels sur des sujets où les dénonces, les alertes, les motifs d’inquiétudes sont vifs, et je me satisfais que les Autorités de régulation n’aient pas goûté à ces arguments aussi artificieux qu’indigestes. Parmi les plus marquants, citons notre action sur les clauses abusives des réseaux sociaux et notre appel aux internautes à « garder la main sur leurs données » , qui aujourd’hui est en passe d’être relayée par nos homologues européens et au niveau français par la Commission des clauses abusives qui a repris cette thématique pour ses recommandations. De même, nos études révélant la qualité aléatoire des réseaux mobiles, si elles ont brouillé les ondes entre l’UFC-Que Choisir et certains opérateurs, ont néanmoins été confirmées par l’Autorité de Régulation. A ce sujet, je me réjouis que le nouveau Président de l’ARCEP, qui revient à bon port, ait justement souligné son ambition d’ « enrichir les indicateurs de qualité et de débits pour permettre aux consommateurs de faire un choix éclairé »… Il est du devoir de tous d’empêcher que les consommateurs subissent, disons, des « fritures » sur leur ligne. Dans le domaine de l’énergie, l’action de l’UFC-Que Choisir au sujet de liens capitalistiques entre ERDF et EDF a trouvé un écho auprès de la Commission de Régulation de l’Energie même si l’on peut regretter le manque d’ambition de la réponse. C’est notamment l’origine du sous-investissement dans le réseau électrique français qui est ici en question. Enfin, en matière alimentaire, malgré les contrevérités colportées par certains industriels sur le dispositif envisagé, l’UFC-Que Choisir se félicite de la reprise dans le projet de loi santé publique de l’étiquetage nutritionnel simplifié recommandé par le PNNS. Va-t-on enfin identifier clairement ce que l’industrie nous fait manger et être en mesure procéder à des arbitrages sur notre alimentation ?

Mais, pour finir, l’année 2014 n’aurait pas été aussi savoureuse s’il n’y avait pas eu la pièce maîtresse, que dis-je la « pièce montée » qu’est l’action de groupe. L’UFC-Que Choisir n’a eu de cesse de dénoncer le fait que, faute d’action de groupe, les consommateurs regardaient passer le train de la justice sans jamais pouvoir monter dedans. Elle n’a donc pas manqué le départ de cette réforme tant attendue. Cette nouvelle procédure devait être incarnée et l’association y a ardemment travaillé. L’encre du décret d’application à peine sèche, l’association, (forte d’une précédente décision reconnaissant la facturation du service d’avis d’échéance comme une pratique illicite,) a lancé la première action de groupe en France contre FONCIA groupe. L’UFC-Que Choisir (et son service juridique) ne manque pas de continuer d’éplucher chacune des possibilités d’action et entend s’appuyer sur le signalement direct de consommateurs en ouvrant prochainement un espace dédié à cette fin sur son site Internet… L’action de groupe, saluée récemment comme une avancée par 91% des consommateurs, a indéniablement comblé un vide juridique même s’il faut reconnaître que sur certains dossiers de pratiques anticoncurrentielles aux conséquences particulièrement dommageables pour les consommateurs le glaive de la justice se transforme en sabre de bois. Conserve-t-on ses tickets de caisse vieux de 10 ans? A l’évidence non, et cette inutilité de facto des actions de groupe dans certains litiges invite à s’interroger sur la possibilité d’obtenir une réparation effective pour les consommateurs victimes de litiges de masse de faibles montants ou pour lesquels les preuves sont difficiles à constituer. … Par ailleurs, laisser certains « braconniers du droit » exploiter les facilités d’Internet pour promettre des « actions collectives » sur tout et n’importe quoi, alors même que certaines décisions de justice sont notoirement défavorables aux consommateurs et/ou que les modalités de rémunération de ces « mécènes » sont savamment tues ne peut nous laisser sans réaction. Nous ne pouvons laisser prospérer de si viles actions ! De même, s’agissant de l’effectivité des droits des consommateurs, l’UFC-Que Choisir entend que la transposition des textes européens sur la résolution extrajudiciaire des litiges aboutisse à un assainissement du système français de médiation garantissant plus de transparence, d’indépendance et d’efficience. Et en matière de médiation, l’association n’entend pas transiger !

Vous l’aurez compris, loin d’être rassasiée, l’UFC-Que Choisir entend poursuivre en 2015 son action au service des consommateurs et continuer d’innover dans la droite ligne de son rapport d’orientation qui prévoit de les accompagner au plus près et à tout instant dans leur vie quotidienne… Notre stratégie est davantage préventive que curative. En mettant l´accent sur la prévention, l’objectif est de rendre concret le concept de « citoyen consommateur », de « consomm’acteur » en lui donnant, dans sa dimension individuelle et collective, les moyens de peser sur le marché, d’éviter les litiges, de faire des choix responsables, et d´agir pour une consommation durable.

A cette fin, l’association travaille déjà à optimiser l’écho de ses recommandations… Pour en accroître la portée et partant, permettre à une collectivité plus large que nos seuls abonnés et adhérents d’en bénéficier, L’association réfléchit à la création d’une licence de courte durée permettant l’utilisation sous conditions strictes, mais accessibles à tout professionnel sans discrimination, des résultats des tests, et particulièrement de la recommandation « meilleur choix ». Une telle utilisation encadrée permettra par ailleurs de couper court à la reprise illicite et sauvage, biaisée, pour ne pas dire instrumentalisée des résultats de nos tests et enquêtes.

De même, alors que le nombre de plaintes dans le cadre du dépannage ne se résorbe pas et que l’accès aux moyens de communication (téléphone, Internet…) s’est largement développé, nous réfléchissons à un outil permettant aux consommateurs de choisir, de manière sécurisée et fiable, des professionnels dans leur zone géographique, étant entendu que cela exigera un cahier des charges très strict quant à l’objectivité des critères étudiés mais aussi et surtout des contrôles garantissant la fiabilité de l’information délivrée et la mise à jour régulière. Enfin, l’association entend enrichir encore son offre de comparateurs et d’outils en ligne aux services des consommateurs, particulièrement dans le domaine de la santé avec la mise en place d’un comparateur des complémentaires.

Mais au-delà de l’information, ce sont bel et bien sur les services que les consommateurs nous attendent, et sur des services revisités pour répondre à l’évolution des demandes et des profils. C’est le deuxième axe stratégique : faciliter la vie du consommateur. Le récent envol de notre service d’aide à l’indemnisation des passagers aériens victimes de retards de vols ou d’annulation, le service « Indemnit’Air » entend ainsi faire décoller l’effectivité des droits des passagers aériens qui ne sont que 10% à faire valoir leurs droits. De même, le succès quantitatif de la seconde campagne « gaz moins cher ensemble » – 174 000 inscrits et une offre lauréate plus attractive que les offres de marché- nous invite à élargir le périmètre de cet outil. Si dans le combat du gaz, la bataille tant attendue entre David et Goliath, n’a pas eu lieu, David l’emportant par forfait, l’UFC-Que Choisir entend bien manier prochainement l’outil « enchère inversée » dans les secteurs, assurances en tête, où la concurrence est défaillante et le gain en pouvoir d’achat des consommateurs nous semble important.

Quant aux combats politiques, de grands sujets nous mobiliseront. Dans le cadre de la loi transition énergétique pour une croissance verte tout d’abord. Le gouvernement s’est doté d’objectifs ambitieux et aspire à ce que la France soit moteur lors de la Conférence Climat. Pour autant les moyens actuellement envisagés nous paraissent insuffisants voire parfois contreproductifs. Nous pèserons pour que les ménages soient au cœur des dispositifs, et soient véritablement à même de moins consommer d’énergie, de mieux la consommer.

Ensuite le domaine de la santé. Comme l’a souligné son récent appel ironique à payer « en petites monnaies » les médecins qui refusent de manière irresponsable la carte vitale, l’association va faire de la Santé une thématique phare et ne manquera pas d’œuvrer pour mettre en pièces toutes les résistances à l’amélioration de l’accès aux soins. L’association va par ailleurs continuer d’ausculter ce secteur pour dénoncer tous les dysfonctionnements qu’il s’agisse de la prescription irrationnelle de médicaments (l’UFC-Que Choisir refuse l’overdose !) ou encore, comme elle l’a fait sur l’optique, des marges exorbitantes de certains dispositifs médicaux. L’association refuse que les pouvoirs publics restent aveugles et sourds devant les cris d’alarme : la France est malade de son système de santé ! La loi de Santé Publique qui se fait attendre depuis plus de 10 ans doit être à la hauteur de l’enjeu ! L’UFC-Que Choisir y veillera. La médicalisation de la société, voilà ce qu’il faut dénoncer et combattre, bien plus réelle et prégnante que la judiciarisation souvent dans toutes les bouches. Il est grand temps que les pouvoirs publics enfourchent le cheval de la Prévention! L’affaire Avastin/lucentis sur laquelle l’UFC-Que Choisir a interpellé l’Autorité de la Concurrence pose une nouvelle fois la question du « coût des médicaments » et l’association entend bien continuer à creuser cette épineuse question en vue de soumettre aux pouvoirs publics ses prescriptions de réforme.

Si la Santé sera un wagon important du train des combats politiques 2015, sachez que l’association mettra également cette année sur les rails plusieurs actions dans le domaine des Transports. Attendue par des nombreux usagers exaspérés par leur renchérissement alors même que la qualité se détériore, l’UFC-Que Choisir compte bien s’inviter dans le débat. Si un accent particulier sera mis sur les transports collectifs régionaux, les professionnels du secteur de l’automobile ne devraient pas être en reste… Mais, secret industriel oblige, vous comprendrez que je ne puisse vous en dire davantage sur ce qu’il y a sous notre capot !

Voilà, Mesdames et Messieurs, un éclairage sur nos actions et nos objectifs
Bien évidemment, alors que ce début d’année est marqué par le triste rappel de l’importance fondamentale de la liberté sous toutes ses formes, l’UFC-Que Choisir entend farouchement défendre sa liberté de ton, de pensée et de critiques au service de l’intérêt collectif.

Jouer collectif, c’est l’essence même d’un mouvement associatif comme le nôtre, alors la référence en 2015 à la coupe du monde de rugby ne vous étonnera pas. Transformons en 2015 l’essai pour chacun de nos combats.

Mais pour l’heure je vous invite, si vous le pouvez, à sortir de la mêlée pour accéder au buffet.

Bons vœux à tous.

Retrouvez cette intervention sur le blog d’Alain Bazot

30 janvier 2015