Environnement / Energie
Vente de pesticides aux particuliers : les jardineries plutôt bien notées par l’enquête de l’UFC-Que Choisir de la Sarthe
Depuis le début de cette année, la vente aux particuliers, l’usage et le stockage de produits phytosanitaires de synthèse (pesticides) par ceux-ci sont interdits. Mais ce n’est pas une raison pour que le consommateur soit abandonné. Il doit toujours pouvoir résoudre les problèmes qu’il rencontre dans son jardin pour protéger ses fruits et légumes, ses fleurs et ses arbres.
Nous avons donc voulu vérifier qu’il n’y avait pas de produits interdits en vente en magasin, mais aussi quel conseil était donné au jardinier amateur qui avait encore chez lui des produits interdits.
Puis, nous avons évalué la qualité du conseil des vendeurs pour aider le jardinier amateur à protéger les végétaux dans son jardin.
Enfin, certaines informations doivent être réglementairement apportées au consommateur par affichage en magasin : les zones à ne pas traiter par rapport aux points d’eau lors de l’application de produits phytosanitaires, même de biocontrôle ou agréés par l’agriculture biologique ; l’habilitation, l’agrément, pour vendre des produits phytosanitaires quels qu’ils soient (ex. Certiphyto).
Comment s’est déroulée cette enquête ?
21 magasins de notre département ont été enquêtés anonymement du 8 mai au 8 juillet 2019 par nos bénévoles, en « client-mystère » : 9 jardineries, 4 magasins de bricolage, 8 grandes et moyennes surfaces.
Pas de produits interdits mais l’affichage réglementaire parfois absent !
Le contrôle a été ciblé sur les herbicides à base de glyphosate et sur les produits molluscicides (anti-limaces, antiescargots) à base de métaldéhyde.
Plus des deux tiers des magasins enquêtés affichent, en rayon, les conseils pour répandre à proximité des points d’eau mais seulement un tiers des établissements présentent un document informant qu’ils sont habilités à vendre des produits phytosanitaires !
Des conseillers souvent disponibles mais qui posent peu de questions pour bien cerner le problème du consommateur
Les conseillers-vendeurs sont présents en rayon ou rapidement joignables dans 19 établissements, mais pas au Bricorama de Sablé-sur-Sarthe et au Super U de Mareil-en-Champagne. Pour ces deux magasins, la qualité du conseil n’a donc pu être évaluée car aucun conseiller n’a pu être rencontré.
Un vendeur sur deux seulement pose des questions pour mieux appréhender le problème du consommateur et donc mieux le conseiller.
Le traitement mécanique cité en premier pour éliminer le chiendent
« Il y a du chiendent à l’endroit où ma fille veut planter des pommes de terre. Comment s’en débarrasser ? ».
Ce traitement (binage, sarclage à la main) est proposé par 44 % des conseillers. Des produits à base de molécules autorisées (de bio contrôle ou agréée pour l’agriculture biologique, en particulier l’acide pélargonique ou l’acide acétique), sont conseillés par le tiers des vendeurs. Le paillage organique (écorce de pin, tonte de gazon par exemple) est cité dans 17% des cas.
Le paillage minéral (ardoise, briques concassées) et un bâchage hermétique (toile végétale), non conseillés lors de cette enquête, sont aussi de bonnes solutions.
Un seul vendeur conseille le traitement thermique. Ce procédé est à éviter. Il a un impact climatique et il n’est efficace que sous certaines conditions difficiles à maîtriser.
Le bacille de Thuringe favori pour traiter la pyrale du buis
« Le buis de ma fille perd un peu de ses feuilles ; il donne l’impression de sécher. Comment faire pour éviter que cela empire ? ».
Le diagnostic est que ce buis est attaqué par une chenille, la pyrale du buis. 79 % des vendeurs l’identifient correctement. Le traitement par le bacille de Thuringe est cité par 59% des vendeurs. Un produit agréé à base de pyrèthre est proposé dans 18 % des cas. Ce sont de bonnes réponses.
En revanche, trois vendeurs ne diagnostiquent pas l’attaque de la pyrale du buis. Deux parmi eux avancent un manque d’eau et recommandent donc d’arroser ! De l’acide pélargonique est même conseillé dans un magasin, ce qui n’est pas la bonne solution. Aucun vendeur n’a conseillé une méthode basée sur les auxiliaires de jardin ; par exemple, installer un nichoir à chauve-souris.
A noter : le vendeur d’une grande surface ne se sent pas compétent et nous oriente vers un magasin spécialisé.
La fameuse bouillie bordelaise à utiliser à bon escient
« Peut-on utiliser de la bouillie bordelaise pour traiter le buis ? ».
Quatre vendeurs ont répondu par l’affirmative ! Mauvaise réponse ! Ce produit est efficace contre les champignons et moisissures mais n’est pas un insecticide et il est inopérant contre la pyrale du buis.
Que faire d’un reste de glyphosate ?
Deux magasins spécialisés (Botanic et Truffault) proposent de reprendre le stock. C’est le meilleur service pour le consommateur. 47% conseillent de l’apporter dans une déchèterie agréée. Un quart d’entre-eux rappellent l’interdiction de le stocker et de l’utiliser mais n’informent pas sur ce qu’il faut en faire. Un
vendeur ne sait pas quoi répondre mais un autre conseille de continuer de le stocker « en attendant ». Un seul vendeur suggère de l’utiliser ! Mais, c’est un de trop.
Le service aux consommateurs nettement meilleur en jardineries spécialisées
En quantifiant chacun des relevés de l’enquête, la note moyenne des 21 magasins n’est que passable : 11,9/20.
Cependant, celle des jardineries (14,3) est largement supérieure à la note moyenne de la GMS (10,4/20) et surtout à celle des magasins de bricolage (9,2/20). Mention bien à l’enseigne Point vert-maisons.fr (14,5/20).
Pierre Guillaume, responsable environnement de l’UFC-Que Choisir de la Sarthe