Déserts médicaux Sarthois … un bilan toujours très mitigé !
En 2012 et 2016, les enquêtes de l’UFC Que Choisir révèlent l’aggravation de la fracture des déserts médicaux en Sarthe. Les études réalisées au cours de la décennie avaient prévu cette situation.
Dans notre région, le nombre de médecins aura augmenter d’une centaine entre 2013 et 2018, dans les Pays de la Loire. Sur la période 2007/2018, dans notre département, la courbe est inversée, avec une diminution d’une cinquantaine de médecins. Pourtant sur la Loire atlantique, département voisin, on aura eu, dans le même temps, une augmentation d’environ 650 médecins. Ainsi le nombre de généralistes en Sarthe sera de 617 en 2018 au lieu de 651 en 2007. De même les spécialistes seront 578 en 2018 au lieu de 590 en 2007.
La moyenne d’âge des généralistes est de 54 ans avec 30 % proche de 60 ans en 2013.
En 2013, la densité moyenne des médecins, pour 100 000 habitants, est de :
- 300 au niveau national ;
- 273 en Pays de la Loire ;
- 212 en Sarthe
E n comparaison, l’Ile de France affiche 367 et la région PACA 365.
Pour pallier cette situation, des mesures sous forme d’aide financières ont été prise par les pouvoirs publics :
Les aides allouées par l’assurance maladie, suite à la convention signée le 26 juillet 2011, prévoit deux mesures incitatives.
- l’aide aux médecins en zone déficitaire
Elle consiste en une aide à l’investissement (plafond variant de 2500 à 5000€) et une aide à l’activité (10 % des honoraires pour un médecin exerçant en groupe avec un plafond de 20 000€ et 5% pour un médecin exerçant en pôle de santé avec un plafond de 10 000 €).
Les cotisations sociales de ces derniers, sont payées pour 9,70 % par la Sécurité sociale et 0,11 % par le praticien.
- l’option santé solidarité territoriale
Elle est destinée à améliorer l’offre de soins en zone déficitaire. En contrepartie d’une rémunération complémentaire (plafond de 20 000 €) et d’une prise en charge de ses frais de déplacements, le médecin doit s’engager pendant 3 ans à exercer en renfort de ses confrères au moins 28 jours dans la zone.
De plus, l’article L162-5-4 et D162-2-8 prévoit pendant 5 ans que les consultations d’un médecin nouvellement installé dans une zone fragile sont exonérées des pénalités financières qui s’appliquent au parcours de soins.
Des aides complémentaires peuvent être également allouées par l’Etat, mais aussi par les collectivités territoriales
Malgré toutes ces aides, la situation continue de s’aggraver. Devant ce bilan catastrophique l’UFC-Que Choisir demande :
- un conventionnement sélectif des médecins
Les politiques d’incitations (aides, primes à l’installation, rémunérations complémentaires etc.) ont fait la preuve de leur inefficacité. C’est pourquoi il est désormais indispensable d’adopter une autre politique en limitant les installations de médecins dans les zones sur-dotées : ne plus conventionner l’installation de nouveaux médecins tant que la zone sera sur-dotée. Cette mesure permettra de combler progressivement les zones sous-dotées. Les expériences étrangères montrent la pertinence d’une action plus ferme pour assurer sur tout le territoire des professionnels de santé qui restreint la liberté d’installation des médecins conventionnés.
- une réduction, voir suppression des aides publiques aux médecins installés en zone sur-dotée
Les aides publiques aux médecins doivent être maintenues dans les zones où l’on manque de médecins pour les rendre plus attractives. Compte tenu de la gratuité des études, les étudiants en médecine auront un contrat d’engagement de service public pendant 5 à 10 ans dans une zone géographique sous dotée. Cette obligation d’engagement de rendre un service à la nation existe déjà pour d’autres formations en particulier les grandes écoles publiques.
Pierre Besnard, responsable santé