Qualité de l’eau potable en Sarthe
Trop de pesticides en Sarthe !
À l’occasion du lancement de sa nouvelle carte interactive sur la qualité de l’eau potable en France, l’UFC-Que Choisir de la Sarthe publie aujourd’hui une étude montrant que près de 84% des Sarthois peuvent boire l’eau du robinet en toute confiance. Certains d’entre eux reçoivent en revanche une eau polluée notamment par les pesticides et le chlorure de vinyle monomère.
En effet, sur la base des résultats officiels du Ministère de la Santé, l’UFC-Que Choisir de la Sarthe a passé au peigne fin les réseaux de distribution des communes du département, pour la totalité des 50 critères réglementaires. Revue des principales pollutions rencontrées :
* Des contaminations d’origine agricole : Pesticides
La présence d’herbicides constitue la cause principale de non-conformité. Les pesticides sont présents dans l’eau de 104 réseaux de distribution du département, soit 26% d’entre-eux. Il contamine l’eau desservie à des consommateurs principalement ruraux, mais aussi dans quelques villes comme la Ferté-Bernard dont deux des trois réseaux sont concernés (La Ferté-Bernard et La Ferté-Bernard Vignes Brûlées).
De nombreux pesticides sont des perturbateurs endocriniens, et sont parfois cancérigènes.
* Alerte sur les composants toxiques des canalisations : des analyses réalisées dans les logements ou à certains points localisés des réseaux de distribution font apparaître la présence de chlorure de vinyle monomère, relargué par des canalisations vétustes, abîmées. Mais ces pollutions restent mal mesurées car du fait d’un très faible nombre de prélèvements, ces analyses isolées ne permettent pas de connaître l’exposition réelle des consommateurs. 60 réseaux sont concernés dans le département.
Gare à une qualité de l’eau en trompe l’œil :
Si l’eau de 84% des consommateurs sarthois échappe aux pesticides, ce n’est pas parce que l’agriculture aurait amendé ses pratiques, mais parce que l’eau subit de coûteux traitements de dépollution. Or, en France, 87% de cette dépollution est financée par les consommateurs contre seulement 6% par les agriculteurs[1], en application de l’inadmissible principe du « pollué-payeur » !
Pour les canalisations, si beaucoup de réseaux de distribution échappent à la sanction d’une non-conformité en plomb ou en chlorure de vinyle, c’est souvent à la faveur d’analyses en trop faible nombre, voire inexistantes.
Au vu de ces éléments, et alors qu’un consommateur sur deux déclare consommer de l’eau en bouteille quotidiennement et que les industriels entendent faire croître ce marché, l’UFC-Que Choisir de la Sarthe appelle les sarthois à préférer l’eau du robinet, plus économique et écologique, et à accéder librement à la carte interactive et synthétique de la qualité de leur eau potable sur www.quechoisir.org.
Les demandes de l’UFC Que Choisir de la Sarthe
Soucieuse de préserver cette ressource si précieuse, l’Association demande aux Pouvoirs Publics (parlementaires, agences de l’eau) :
– une réforme en profondeur de la politique agricole de l’eau avec une véritable mise en œuvre du principe « pollueur – payeur » dans le calcul des redevances de l’eau, au moyen d’une augmentation de la taxation des pesticides et des engrais azotés et par un soutien financier aux agricultures biologiques et intégrées ;
– un audit national des composants toxiques des canalisations pour estimer le niveau d’exposition des consommateurs.
[1]« Les agences de l’eau et la politique de l’eau : une cohérence à retrouver » – Rapport public annuel 2015 – Cour des Comptes – février 2015
Retrouver l’ensemble de l’étude sur quechoisir.org
Daniel Galloyer, commission environnement – Janvier 2017