Circuits courts : des alternatives pour acheter et consommer différemment
Une enquête réalisée en 2015 auprès des consommateurs ligériens fait apparaître que la traçabilité des aliments et une agriculture plus respectueuse de l’environnement sont de nouvelles préoccupations pour eux. C’est un élément nouveau par rapport à une précédente enquête faite en 2011. Pour répondre à cette attente, l’UFC Que Choisir de la Sarthe a décidé de faire de l’année 2016 l’année de l’alimentation.
Pour respecter les attentes des consommateurs, traçabilité et agriculture plus respectueuse de l’environnement, l’UFC Que Choisir de la Sarthe a décidé d’informer les consommateurs sarthois sur l’existence de circuits de distribution respectant ces critères. Un circuit court est « un mode de commercialisation des produits agricoles qui s’exerce soit par la vente directe du producteur au consommateur, soit par la vente indirecte, à condition qu’il n’y ait qu’un seul intermédiaire. » Une étude sur l’existence de ces différents modes de distribution a été faite, une liste non exhaustive de ces différents points de vente a été élaborée ainsi qu’une enquête comparative par rapport à la grande distribution sur les prix.
C’est dans ce contexte que l’UFC Que Choisir de la Sarthe, après avoir communiqué dans la galerie marchande du magasin Carrefour sur « les rendez-vous conso » autour de l’alimentation, organisa à la suite de son assemblée générale, le 24 mars dernier, une conférence débat sur le thème de « Existe-t-il des alternatives à la grande distribution pour acheter des produits frais ? »
A cette fin, différents intervenants engagés dans différents types de circuits courts ont été invités : Cristèle Dinomais, présidente de l’AMAP du Beury, Isabelle Perry , maraîchère fournissant différentes AMAPs, dont l’AMAP de la Fonderie, Marylise Vovard, productrice de porc fermier en label rouge, et de poulet de Loué qui pratique la vente directe, Jean-Claude Lalande, Président de Chèvrefeuille, point de vente collectif.
L’ AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) est une association, loi 1901. Les adhérents sont en partenariat avec un producteur, en général un maraîcher. Les premiers pré-financent la production, le second fournit chaque semaine à chaque adhérent un panier de taille variable selon le montant inscrit dans le contrat. La distribution est assurée par les adhérents. Certaines AMAPs pratiquent des prix spécifiques, plus faibles pour les personnes n’ayant pas les ressources nécessaires et plus élevé pour celles qui souhaitent soutenir le producteur. Les paniers sont généralement composés de fruits et de légumes. Les amapiens ont à disposition, occasionnellement, de la viande ou des produits laitiers. C’est beaucoup plus rare en raison de la conservation plus difficile de ces produits. Pour un consommateur, devenir adhérents d’une AMAP est une action militante qui demande de l’investissement. Les « amapiens » parlent même de « consom’acteur ». Pendant le débat, nous avons pu avoir, dans un premier temps, le point de vue d’une consommatrice et dans un second temps celui d’une productrice. Nous avons constaté qu’ils se rejoignaient. Le lien social est très fort entre les deux. La relation dépasse la simple fonction économique. Elle n’est pas uniquement centrée sur l’objet de l’échange.
La vente directe à la ferme est une autre solution pour un consommateur désireux de savoir ce qu’il achète. Le contact direct avec le producteur permet une relation de confiance plus importante. C’est le cas de la ferme Chauvet qui produit du porc label rouge et du poulet label rouge (poulet de Loué). L’abattage, la découpe et la transformation des produits est faite par des prestataires. Les producteurs exerçant la vente à la ferme peuvent également pratiquer la vente directe sur les marchés. Les consommateurs urbains peuvent ainsi acheter sans se déplacer en milieu rural. C’est le cas de Marylise Vovard qui livre également ses produits dans des lieux bien définis au Mans.
Le point de vente collectif Chèvrefeuille permet à différents producteurs de mettre en commun leur activité. Le statut juridique de cette association est un groupement d’intérêt économique (GIE). Jean-Claude Lalande, Président de Chèvrefeuille, nous raconta l’historique de son point de vente, créé en 1993. Il apparaît donc comme un précurseur de la vente en circuit court en organisme collectif. Les producteurs engagés dans ce mode de distribution doivent répondre à un cahier des charges plutôt contraignant, ce qui au final se traduit par un aliment de qualité supérieure. La transformation est faite sur place dans un atelier ou en amont par un prestataire de service. Les produits, même lorsqu’ils sont en vente, appartiennent toujours au producteur. Seul l’abattage est fait dans un abattoir à Sablé. Cette obligation, manque de concurrence et donc prix d’abattage plus élevé, participe à des tarifs plus élevés pour les consommateurs dans ce système de distribution. C’est un obstacle que les pouvoirs publics devraient prendre en compte. La présence de près de 400 produits référencés permet aux clients de faire des achats en nombre. La sélection de produits est variée.
Dans tous les cas, les producteurs invités ont manifesté le désir de satisfaire le consommateur et leur fierté d’accompagner leurs produits jusqu’au bout. Aujourd’hui, une exploitation sur cinq utilise les réseaux en circuit court. Mais seulement 6 à 7 % des achats alimentaires s’effectuent de cette façon. Depuis un an, avec les crises agricoles successives, de nombreux agriculteurs se tournent vers cette alternative pour atteindre le consommateur et fixer leur prix sans subir la pression de la grande distribution.. Les producteurs, engagés dans ce système, adoptent une démarche de qualité. Le consommateur trouve généralement des produits issus de l’agriculture biologique, en labels certifiés ou produits avec des cahier des charges internes quelquefois plus contraignants. L’UFC Que Choisir de la Sarthe réaffirme le désir, pour le consommateur de payer le prix juste et non pas le prix le plus bas. L’enquête prix que nous avons réalisée en janvier 2016 révèle, qu’à qualité égale, la comparaison avec les prix pratiqués dans la grande distribution n’est pas toujours à l’avantage de celle-ci. Malgré tout, cette enquête a été difficile à réaliser. En circuit court, les produits ne sont pas toujours disponibles pour des raisons de saisonnalité. Ils ne sont pas toujours fixés au Kg, ils sont quelquefois au panier comme dans les AMAPs.
La volonté grandissante de préserver l’environnement et d’offrir une meilleure traçabilité des produits laissent présager un développement de ce mode de distribution.
Léo Pétiard, stagiaire, UFC-Que Choisir de la Sarthe