Enquête chez les opticiens sarthois : l’UFC-Que Choisir de la Sarthe passe à la loupe les opticiens du département
Alors que le secteur de l’optique concentre tous les regards depuis que l’UFC–Que Choisir en a pointé les intolérables surcoûts en 2013, l’UFC–Que Choisir de la Sarthe rend publics les résultats de l’enquête qu’elle a menée auprès des opticiens du département, et agit aujourd’hui contre la trop faible transparence des prix et la persistance de la néfaste pratique d’abus au détriment des assurances complémentaires santé.
Avec un coût moyen de 470 €, le prix des lunettes en France est le plus élevé d’Europe. Maintenant leur vigilance, nos enquêteurs ont visité, en novembre 2013, 14 magasins du département représentant 7 enseignes et un indépendant. Cette enquête « client-mystère » a permis de mettre en lumière deux tendances inquiétantes.
Une lisibilité des prix en trompe-l’œil
Le flou sur les prix règne dans les magasins d’optique. La vision réelle des prix est brouillée par la multiplication des promotions. Dans 75% des points de vente enquêtés – hors période de soldes – une offre promotionnelle était en cours, le plus souvent sous la forme d’une 2ème paire offerte à l’achat d’une première. Mais cette pratique n’a de la gratuité que l’apparence, puisque l’UFC–Que Choisir a montré que son coût se répercutait sur la première paire (+12 € en moyenne). Difficile d’y voir clair sur le « juste-prix » d’une paire de lunettes dans ces conditions… et de faire jouer la concurrence. Nous conseillons donc de faire faire des devis dans des magasins différents. Quant au prix des verres, c’est l’opacité complète.
L’enquête visait aussi à quantifier l’étendue réelle des abus à la complémentaire santé chez les opticiens.
Pour cela, nos enquêteurs devaient sélectionner une monture plus coûteuse que le maximum remboursable par leur mutuelle, en informer le vendeur, et observer sa réaction.
Si dans la Sarthe, l’échantillon n’a pas révélé d’abus, cela ne signifie pas pour autant que la pratique n’existe pas.
En effet, au niveau national (1188 opticiens enquêtés), c’est dans près d’un cas sur 5 (18,9 %) que le vendeur a spontanément proposé à l’enquêteur d’arranger la facture envoyée à la complémentaire santé pour augmenter le remboursement perçu.
Ce tour de passe-passe est préjudiciable à la mutualité des assurés.
En effet, tout remboursement par la complémentaire santé se traduit par des cotisations supplémentaires. L’étude de l’UFC–Que Choisir montre que ces pratiques abusives renchérissent les cotisations des consommateurs français de 142 millions d’euros par an !
Plafonner les remboursements des complémentaires santé pour faire baisser les prix : le mauvais calcul du gouvernement
Le gouvernement envisage de plafonner les remboursements des lunettes par les contrats dits « responsables » des complémentaires santé, espérant ainsi faire baisser le prix des lunettes. Mais à court terme, cette mesure n’aurait pas d’effet probant sur les prix et se traduirait plutôt par une hausse du reste à charge pour les consommateurs aux corrections visuelles les plus fortes. Les baisses de prix durables en optique ne pourront venir que du développement des réseaux de soins, par lesquels les assureurs négocient des rabais pour leurs assurés auprès d’opticiens partenaires.
C’est pourquoi l’UFC – Que Choisir de la Sarthe, profondément attachée à un accès de tous à des soins de qualité, intervient auprès des parlementaires du département.
Nous demandons que, dans le cadre de la réforme des contrats dits « responsables » engagée par la Ministre de la Santé, les complémentaires santé ne voient leurs remboursements en optique plafonnés que si elles ne mettent pas en place un réseau de soins à même de garantir des baisses réelles de tarifs aux consommateurs. ¡
Pascale Besnard,responsable enquêtes