Le Véhicule 100% Electrique : un impact positif pour ses usagers (vraiment ?)
Le véhicule 100 % électrique s’est progressivement installé dans le paysage Sarthois. Fin décembre 2023, le cap des 5 000 véhicules particuliers a été franchi. Preuve que ce type de transport se développe. Notre association a réalisé une enquête cherchant à évaluer l’impact d’un véhicule 100 % électrique, sur le quotidien d’un propriétaire Sarthois, nous vous présentons ici son résumé.
Le budget : pas toujours si économique
L’achat d’un véhicule électrique est souvent associé à un achat « économique ». Comparé à un véhicule thermique, le véhicule électrique serait moins cher à l’usage, en raison d’un coût de recharge beaucoup inférieur à celui d’un plein d’essence, d’un entretien moins coûteux, en raison de moins de pièces mécaniques, ou bien d’un prix à l’achat favorisé par des aides et subventions de l’Etat/concessionnaires.
L’UFC-Que Choisir de la Sarthe a étudié 4 profils de consommateurs types, achetant leurs premiers véhicules 100 % électriques neufs, en Location Longue Durée de 3 ans. Il s’est avéré que pour 2 de ces profils, le passage à l’électrique n’est pas plus avantageux.
Pour l’un, la différence est peu significative, une centaine d’euros en plus sur l’année pour un véhicule équivalent thermique.
En revanche, pour l’autre, la différence est tout de même de 430 €/ans en plus !
Pour d’autres profils (les gros rouleurs notamment), cette différence est cette fois au profit des véhicules électriques, puisque le gain estimé est entre 900 € et 1500 € d’économies par an.
Ces différences s’expliquent surtout à cause d’un coût d’achat, pour les véhicules électriques, plus cher en moyenne, que pour les véhicules thermiques équivalents. Un surcoût est aussi observable sur les pneumatiques, qui s’usent beaucoup plus rapidement sur les véhicules électriques (à cause de facteurs tels que, le rayon de braquage plus important, un poids plus élevé pour une puissance délivrée plus forte). Un surplus d’assurance peut aussi apparaître, faute d’une puissance jugée « élevée » sur certains modèles, ou bien des problématiques propres de dépannages/réparations.
La recharge : l’éternelle préoccupation
La Sarthe compterait début avril 613 bornes de recharge, pour plus de 5 000 véhicules 100 % électriques. Cela peut paraître peu, mais il faut cependant avoir à l’esprit que, dans la mesure du possible, un propriétaire de ce type de véhicule, recharge le plus souvent à domicile. En effet, le prix du Kilowattheure est nettement inférieur à domicile (minimum 2x moins cher).
Cependant, si l’on regarde l’implantation des bornes de recharge ouvertes au public en Sarthe, on s’aperçoit qu’elle n’est pas uniforme. Des zones « blanches » apparaissent dans le territoire. Grâce à une étude cartographique menée par notre association, nous avons pu identifier les cantons les plus en retard et ceux les plus avancés. Nous avons ensuite décidé de regarder, pour chacun d’entre eux, la demande théorique sur les bornes présentes, en fonction du nombre de véhicules 100 % électriques recensés. Ce qui donne des résultats quelquefois alarmants, quant à certains cantons, tels que Savigné-l’Evêque ou bien la Suze sur Sarthe. A l’échelle du département, il n’existe pas encore de quotas à respecter, mais cela va changer. D’ici 2025, il y aura l’obligation d’équiper les parkings ouverts au public, selon le système de « 1 borne pour 20 places ». Sachant qu’une simple prise renforcée est considérée comme une solution de recharge, on peut se demander l’efficacité et l’utilité d’une telle mesure, quant à la rapidité de la recharge.
51 usagers interrogés sur leur quotidien en électrique
Durant 1 mois, nous avons mis à contribution nos adhérents détenteurs de véhicules 100 % électriques, ainsi que quelques particuliers extérieurs, en leur administrant un questionnaire global. Bien que la grande majorité soit optimiste, quant à la satisfaction liée à l’usage de leur véhicule 100 % électrique, on peut voir que certains types d’usage restent limités : à l’instar des longs trajets en période de vacances/loisirs.
On peut aussi noter que des progrès restent à faire, en ce qui concerne l’implantation de bornes de recharge en Sarthe, ou bien sur l’autonomie réelle annoncée par les constructeurs. En effet, comme l’a déjà dénoncé l’UFC Que Choisir, les normes d’homologations concernant l’autonomie annoncée ne correspondent pas toujours à la réalité. Ainsi, selon les usagers interrogés, cet écart est souvent situé entre « 20 et 70 Km d’écart ».
Également, il est nécessaire de souligner que la motivation d’achat principale reste « Economique », puisque les aides de l’Etat sont toujours effectives cette année. De ce fait, on peut se demander ce qu’il sera de la situation des ventes de véhicules 100 % électriques lorsque les aides à l’achat ne seront plus effectives.
Enfin, on a pu aussi constater qu’une grande partie des répondants, possédait toujours un véhicule thermique, ce qui semble montrer que le choix du « tout électrique » reste délicat, même pour des propriétaires convaincus par ce type de véhicules…
Voir les Slides synthèse de l’étude
Cédric Augereau, chargé d’étude, UFC-Que Choisir de la Sarthe