Cette actualité n’est pas enthousiasmante. A vous de juger.
Charte Pesticides : suite du feuilleton
Après la consultation publique de l’été, un arrêté préfectoral du 20 octobre valide le projet de charte départementale, rédigé par la chambre d’agriculture dirigée par les partisans de l’agriculture intensive et grands utilisateurs de pesticides. Cette charte ne respecte pas les décisions du Conseil d’Etat de 2011, en particulier celles concernant l’information, l’avertissement des riverains avant épandage et une zone de non-traitement plus importante pour certains pesticides parmi les plus dangereux. Elle permet, dans certains cas, l’épandage en limite de propriété !
Des recours en justice contre le décret de début 2022 ont été effectués au niveau national par l’UFC-Que Choisir avec d’autres associations. Mais les tribunaux encombrés ne se prononceront pas avant 1 ou 2 ans, ou plus. Comme d’habitude, le gouvernement et ses préfets jouent la montre, aux dépends de la santé des citoyens que nous sommes de l’environnement, et toujours aux bénéfices des pollueurs. http://sarthe.ufcquechoisir.fr/wp-content/uploads/sites/158/2022/12/charte_riverains_2022_validee.pdf
Métabolites de Pesticides-Le tour de passe-passe
En France, les données de l’ARS soulignaient jusqu’à récemment que 20 % des Français avaient été exposés à une eau du robinet contenant des seuils trop élevés de pesticides et de leurs métabolites (sous-produits de pesticides). L’ANSES (agence de sécurité sanitaire), par un tour de passe-passe, est venue « régulariser » la situation en augmentant les limites réglementaires de certains métabolites. En effet, en déclassant certains métabolites du métolachlore, en arguant qu’il n’y aura pas assez de données fiables sur la toxicité de ces substances, et donc en multipliant par 9 les limites réglementaires, cela « efface » de facto les non-conformités. Cela ne change en rien la qualité de l’eau, mais les seuils dénoncés se trouvent désormais dans la limite autorisée… On ne s’attaque pas au cœur du problème, on se cache juste les yeux !
COVID et guerre en Ukraine ont bon dos !
Au niveau européen, sous prétexte de situation compliquée, beaucoup de révisions dans un sens favorable aux consommateurs, à leur santé et à l’environnement sont repoussées aux calendres grecques. Ainsi, le report de la révision du Règlement sur les substances chimiques (REACH) et le retrait de la proposition de règlement de l’usage durable des pesticides : tout est bon pour reculer.
Vente de pesticides : une baisse très relative
Le gouvernement se précipite pour informer sur des données provisoires indiquant une légère baisse de la vente de pesticides en 2021 et un volume de vente sur la période 2019-2021 au plus bas. Celui-ci s’en félicite et l’attribue sans vergogne aux plans Ecophyto successifs et, en particulier, à son plan Ecophyto 2+ !
Mais l’indicateur de référence Nodu (nombre de doses utilisées) reste cependant supérieur à celui de 2009, année de l’entrée en vigueur du premier plan Écophyto. Il devrait n’être que de moitié depuis 2018 !
Par ailleurs, la croissance importante jusqu’à l’année dernière des exploitations « Bio » (qui n’utilisent pas de produits de synthèse) fait baisser la vente de pesticides. Les exploitants qui en utilisent en consomment donc plus qu’avant.
A noter qu’en juin dernier, la Cour des comptes a jugé le soutien des pouvoirs publics au bio très insuffisant compte tenu de ses bénéfices, « notamment en termes de santé et d’environnement ». Et ce n’est pas le plan national censé traduire les objectifs de la nouvelle PAC européenne qui va redresser la situation du bio, la Commission de Bruxelles l’ayant épinglé pour son manque d’ambition environnementale, en fustigeant tout particulièrement le label HVE (Haute Valeur Environnementale). https://www.ecologie.gouv.fr/publication-des-donnees-provisoires-des-ventes-produits-phytopharmaceutiques
Pierre Guillaume, responsable environnement, UFC-Que Choisir de la Sarthe