Déserts médicaux : la situation s’aggrave, les patients s’impatientent
Avec l’UFC-Que Choisir de la Sarthe, mobilisez-vous le 7 avril
En 2019 nous écrivions : « près d’un médecin généraliste sur deux refuse de nouveau patients ». Ce n’est plus le cas en février 2022. C’est presque 9 médecins ou dentistes sur 10 qui ne prennent pas de nouveaux patients.
Alors que les élections présidentielles approchent, la question des déserts médicaux doit revenir au cœur des sujets selon l’UFC-Que Choisir de la Sarthe.
Elle publie aujourd’hui les résultats alarmants d’une enquête menée auprès de 68 médecins généralistes et 64 dentistes en Sarthe. Ce travail inédit jette un nouvel éclairage sur la problématique de la fracture sanitaire dans la Sarthe : il montre la grande difficulté pour de nombreux Sarthois, à obtenir un rendez-vous chez un généraliste ou un dentiste.
Il ne s’agit même plus d’évaluer le temps d’attente du rendez-vous accordé mais tout simplement force est de constater l’impossibilité pure et simple d’obtenir un rendez-vous.
La pénurie de médecins traitants menace l’accès de tous aux soins de qualité. Cette situation est d’autant plus préoccupante que notre système de santé est organisé depuis quinze ans autour de la figure du médecin traitant, appelé à gérer l’orientation des usagers dans le parcours de soin. En conséquence, ne pas avoir de médecin traitant expose les usagers à une forte pénalisation de leurs remboursements de soins ; encore faudrait-il qu’ils soient en mesure d’en choisir un ! Cette carence est en outre le symptôme d’un problème plus large de mauvaise répartition des médecins sur le territoire du fait d’une liberté totale d’installation, dénoncée de longue date par l’UFC-Que Choisir, et par un nombre croissant d’acteurs (Cour des Comptes, Direction du Trésor, etc.).
Lors de nos précédentes enquêtes, 2012, 2016, 2019 nous avions déjà alerté les pouvoirs publics sur une situation qui se dégradait d’année en année. En 2019, il était impossible d’accéder aux ophtalmologistes En 2022, c’est l’intégralité des praticiens accessibles au premier niveau de soins qui fait défaut. Ceci témoigne, si besoin est, de l’inefficacité des mesures incitatives dont les médecins ont pu bénéficier depuis ces 20 dernières années et de l’urgence d’une réforme de la répartition des praticiens sur le territoire. Cette situation ne peut que s’aggraver quand on sait que l’âge moyen des médecins en Sarthe est de près de 49,8 ans et que la plupart aspireront partir à la retraite dans les 15 prochaines années.
Décidée à garantir un égal accès aux soins sur tout le territoire, l’UFC-Que Choisir de la Sarthe presse les pouvoirs publics à agir enfin, pour résorber les déserts médicaux qui s’étendent maintenant à tout le territoire de notre département ainsi qu’aux plus grandes villes de celui-ci. L’association appelle les parlementaires à instaurer un conventionnement territorial des médecins qui amènerait les professionnels de santé à exercer là où sont les besoins de la population.
L’UFC-Que choisir de la Sarthe appelle les sarthois(es) à se mobiliser avec elle le 7 avril, journée mondiale de la santé, à partir de 11h30 devant l’ARS (Agence Régionale de Santé) 19 boulevard Paixhans au Mans, pour réclamer un égal accès aux soins pour tous en Sarthe.
Notre enquête
Objectifs
Nous avons voulu vérifier s’il était possible d’obtenir un rendez-vous aisément et combien de temps il fallait attendre pour l’obtenir.
Le protocole
L’enquête a été administrée du 14 au 21 février 2022, auprès des médecins généralistes et des chirurgiens-dentistes du département, par les enquêteurs de l’UFC Que Choisir de la Sarthe. Elle a été administrée par téléphone et anonymement. Deux listes de 70 médecins généralistes et de 70 dentistes ont été établies de façon aléatoire parmi les médecins et dentistes exerçant en Sarthe. Sur les listes des 70 médecins ou dentistes figure une vingtaine de maisons médicales. Ce qui, en réalité, augmente le nombre de praticiens enquêtés (dans chaque maison médicale il y a plusieurs praticiens).
Les enquêteurs devaient agir pour leur propre compte, comme tout patient qu’ils sont.
Le questionnaire
Est-il possible d’avoir un rendez-vous et si oui dans combien de temps ?
Les résultats
9 praticiens sur 10 n’accordent pas de rendez-vous à de futurs patients, qu’ils soient dentistes ou généralistes !
L’impossibilité de prendre rendez-vous par un nouveau patient est souvent indiquée dès le message du répondeur du médecin. Il est facile d’obtenir le secrétariat d’un médecin ou dentiste, avec des temps d’attente de moins de 5 minutes. L’accueil se fait le plus souvent de manière agréable avec une ou un secrétaire disponible et aimable.
Médecins généralistes
Sur les 64 contacts effectués, 8 rendez-vous ont été accordés, soit 12,5% et 56 rendez-vous refusés soit 87,5%. Le renvoi vers les services d’urgence (le 15) et/ou le service médical de proximité et les services «provisoires», notamment celui de l’hôpital du Mans, est l’attitude la plus fréquemment observée chez les médecins. Le renvoi vers Doctolib est relativement fréquent. Dans le cas où le rendez-vous était accordé, celui-ci l’était dans un délai très court 1 à 3 jours
Dentistes
Sur les 66 contacts effectués, seulement 6 rendez-vous ont été accordés, soit 9% et 60 rendez-vous refusés soit 91%., Il est cependant plus difficile d’obtenir des rendez-vous, les rendez-vous accordés allant d’une semaine à plus d’un mois. Un rendez- vous en janvier 2023 a même été proposé.
Les secrétaires nous demandent de rappeler en cas d’urgence, si les douleurs persistent. Dans 4 cas, il a été proposé à nos enquêteurs une inscription sur une liste d’attente. Le renvoi vers Doctolib est, comme pour les généralistes, relativement fréquent.
#SOSpatientsendétresse
Jean-Yves Hervez, UFC-Que Choisir Sarthe