UFC-QUE CHOISIR DE LA SARTHE

Enquête « patient mystère » dans les pharmacies du Mans

Alors que le prix des médicaments sans ordonnance a augmenté de 29 % en dix ans, les bénévoles de l’UFC – Que Choisir de la Sarthe ont mené l’enquête en pharmacie. En novembre dernier, nous avons ainsi visité 55 officines au Mans et les communes environnantes. Les résultats mettent en évidence une transparence de l’information largement insuffisante, des écarts de prix très marqués pour un même médicament et, plus grave encore, un conseil hasardeux pour les usagers de notre territoire.

Conseil en automédication : peut largement mieux faire

Le scénario de notre enquête était le suivant : nos enquêteurs se présentaient en pharmacie sans ordonnance, et expliquaient être enrhumés. Ils demandaient alors à acheter pour eux-mêmes deux médicaments, qu’il est déconseillé d’associer car ils contiennent la même molécule (paracétamol) : du Doliprane 1000mg et de l’Actifed Rhume Jour et Nuit. Dans 95% des cas, nous avons bien été mis en garde sur les dangers de cette association. Mais alors que la dose maximale en automédication est de 3 grammes de paracétamol par jour, 37% des pharmacies ont conseillé une dose supérieure. Pire, dans 15 % des cas, la dose dépassait même 4 grammes par jour, un niveau dangereux pour la santé.

Transparence : bonne sur les prix, à revoir sur l’information des consommateurs

Nos enquêteurs ont ensuite voulu vérifier le respect de la réglementation sur l’information des consommateurs en pharmacies. Si les prix sont aujourd’hui largement affichés (plus de 8  pharmacies sur 10 les affichent, même si dans 24% des cas, leur lisibilité derrière le comptoir laisse à désirer), ce n’est pas le cas de l’information des consommateurs sur le fait que le prix des médicaments non remboursables varie d’une pharmacie à l’autre. L’affichage à ce propos, rendu obligatoire par la réglementation, n’a été retrouvé que dans 12 des 55 pharmacies visitées. Un manque de transparence qui n’étonne guère, quand on voit les écarts de prix entre officines sur l’automédication.

Prix : le grand écart entre officines

Notre enquête nous a enfin permis de relever le prix d’un médicament très courant, l’Actifed Rhume Jour et Nuit, dans différentes pharmacies de l’agglomération. Avec un prix moyen de 5,68€, nous nous situons en-dessous de la moyenne nationale (5,71 €). Mais ce qui frappe, c’est surtout l’étendue des prix, puisque nous avons pu acheter ce médicament entre 2,99€ au minimum et 7,53€ au maximum. Un écart de plus de 2, qui justifie que les consommateurs manceaux fassent jouer la concurrence !

Dans ces conditions, se pose à nouveau la question de la pertinence d’une libéralisation encadrée de la distribution des médicaments sans ordonnance, c’est-à-dire leur vente sous le contrôle permanent d’un pharmacien, en parapharmacies et dans des espaces dédiés en grandes surfaces. Cette mesure permettrait, pour les consommateurs, une économie de plus de 11 % des dépenses de médicaments sans ordonnance (soit 252 millions d’€ par an au niveau national), sans occasionner la fermeture de pharmacies rurales.

Au vu des résultats de son enquête, et soucieuse de promouvoir une automédication sûre et accessible à tous, l’UFC – Que Choisir de la Sarthe demande aux parlementaires du département d’œuvrer pour :

  • l’interdiction de la publicité sur l’automédication auprès du grand public ;
  • la présence d’un encadré spécifique sur l’emballage des médicaments sans ordonnance, pour informer le consommateur sur les principales interactions et contre-indications ;
  • l’ouverture de la distribution de l’automédication aux grandes surfaces et parapharmacies, sous la surveillance impérative d’un pharmacien.

Pascale Besnard, responsable enquêtes UFC-Que Choisir de la Sarthe – 4/04/2018

16 avril 2018

Clauses abusives : l’UFC–Que Choisir fait annuler une myriade de clauses de SFR

Alors que la société SFR fait toujours l’objet de nombreuses plaintes de consommateurs, l’UFC-Que Choisir se félicite de l’arrêt (susceptible de recours) de la Cour d’appel de Paris sanctionnant encore plus lourdement qu’en première instance, à son initiative, SFR pour clauses illicites et abusives. SFR est notamment condamnée à verser à l’association 30000 euros au titre des dommages et intérêts.

Après avoir obtenu la condamnation de SFR en première instance pour une vingtaine de clauses abusives/illicites, l’UFC-Que Choisir voit sa satisfaction renforcée en appel en raison de l’ampleur encore plus grande des clauses épinglées et de la sanction prononcée. La Cour, dans cette décision importante, vient en effet fermement rappeler aux professionnels qu’il ne leur sert plus à rien de modifier leurs contrats en cours d’instance afin d’échapper aux radars de la justice ! Grâce à l’action de l’association, les clients de l’opérateur, n’auront plus à subir de clauses limitant leurs droits, la décision s’appliquant aux contrats en cours.

Contrat illisible : l’intégralité des conditions générales d’abonnement aux particuliers frappée d’illicéité !

Partageant le constat de l’association que la très faible taille de la police retenue dans les conditions générales d’abonnement (moins de 3 mm) rendait quasiment impossible leur lecture et empêchait le consommateur de prendre effectivement connaissance des conditions au moment de la conclusion du contrat, la Cour d’appel a, aussi légitimement que sévèrement, sanctionné l’opérateur en déclarant illicite l’ensemble des 9 versions des conditions générales d’abonnement et d’utilisation1. Cette sanction doit inviter les opérateurs à mieux étudier la lisibilité de la typographie retenue pour leurs contrats.

Encore plus de clauses épinglées comme abusives

Sur le fond, la Cour a confirmé le jugement de première instance soulignant que l’opérateur ne saurait s’exonérer de ses obligations légales et réglementaires s’agissant de la qualité et de la continuité de service, ainsi que du droit de résiliation de ses abonnés. La clause par laquelle il entendait s’autoriser 10 % d’échec des appels, des transmissions de SMS ou de données sur son réseau, sans que sa responsabilité ne puisse être recherchée, a été censurée tout comme le refus de s’engager sur des débits minimaux ou à indemniser intégralement ses utilisateurs en cas d’interruption de service. Mais au-delà de la vingtaine de clauses déjà épinglées en première instance, la Cour en a déclaré 3 supplémentaires comme abusives, notamment celle prévoyant des frais supplémentaires en cas de changement de mode de paiement.

Communiqué UFC-Que Choisir / 03/04/2018 

Notes
1 De janvier 2012, avril 2012, septembre 2012, juin 2013, novembre 2013, septembre 2014 et janvier 2015 ainsi que l’ensemble des conditions générales de vente de juin 2013 et juin 2014.

16 avril 2018

Alerte contre la Rougeole : les autorités sanitaires se mobilisent

Depuis le mois de décembre 2017, l’agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine, qui a émis plusieurs bulletins d’alerte, enregistre tous les jours six nouveaux cas de rougeole. Déjà près de 913 cas  de rougeole ont été recensés, dont plus de 500 pour le mois écoulé, a alerté mercredi 14 mars la direction générale de la santé. Un épisode épidémique inédit. « La rougeole est une infection virale extrêmement contagieuse qui peut avoir de graves complications pulmonaires et neurologiques, définit Annie Burbaud, médecin de l’ARS. Un seul malade infecté peut contaminer jusqu’à vingt personnes. »

Les cas ont été observés dans 59 départements depuis le 6 novembre. Le 14 février, les autorités sanitaires avaient fait état de 387 cas depuis le 1er novembre. Au total, 201 hospitalisations et un décès au CHU de Poitiers le 10 février ont été relevés.

« A cette époque, l’Hexagone était touché par la grippe qui a sans doute retardé le bon diagnostic », souligne Annie Burbaud. « La rougeole avait disparu de nos radars, elle ne fait pas partie du top 10 des maladies à chercher », justifie Paul-Henry Rocca, médecin généraliste à Bordeaux. Il admet « avoir laissé passer un cas », il y a quelques semaines. Car les premiers symptômes ressemblent à s’y méprendre à ceux d’une grippe : température élevée, écoulement nasal persistant, yeux larmoyants et état de fatigue générale. « Mais dès que des boutons apparaissent, le doute n’est plus permis. »

Le principal responsable de cette épidémie est le trop faible taux de couverture vaccinale sur le territoire qui est en deçà des 95 % nécessaires pour éradiquer la maladie. Selon les chiffres de Santé publique France, la couverture pour la seconde dose du vaccin ROR (rougeole-oreillons-rubéole) oscille entre 62 % et 88 %. Une carence qui concernerait potentiellement 1 million de Français.

Le spectre d’une épidémie comparable à ce que la France avait connu entre 2008 et 2012 inquiète les autorités : 24 000 Français avaient été touchés, dont 15 000 rien qu’en 2011, provoquant 20 décès.

Après avoir diminué entre 2012 et 2016, le nombre de cas de rougeole augmente de manière importante depuis novembre 2017. Cette situation est la conséquence d’une couverture vaccinale insuffisante chez les nourrissons (79% avec deux doses de vaccin au lieu des 95% nécessaires), les enfants et les jeunes adultes. La très nette augmentation du nombre de cas depuis novembre 2017 en Nouvelle-Aquitaine se prolonge en 2018, avec la survenue de plusieurs foyers épidémiques dans cette région ainsi que dans d’autres régions françaises.

Situation épidémiologique en France au 14 mars 2018
Recrudescence de la rougeole depuis novembre 2017

Au 12 mars 2018, 913 cas déclarés depuis le 6 novembre 2017
59 départements touchés par la rougeole
50% des cas sont déclarés dans la région Nouvelle-Aquitaine
Incidence la plus élevée chez les moins de 1 an
Décès en Février d’une jeune femme de 32 ans non vaccinée
21 décès dus à la rougeole depuis 2008
Près de 9 cas de rougeole sur 10 sont survenus chez des personnes non ou incomplètement vaccinées

« Une deuxième dose est nécessaire à l’élimination de la maladie car entre 7 % et 8 % des enfants ne réagissent pas à l’administration du premier vaccin », a rappelé le docteur Lévy-Bruhl. Le vaccin ROR, jusque-là recommandé, fait désormais partie des 11 vaccins obligatoires depuis le 1er janvier.

Mourir de la rougeole n’est plus acceptable aujourd’hui en France. Il est donc conseillé de vérifier son statut vaccinal, si vous n’êtes pas sur d’avoir déjà contracté la maladie.

A lire également sur quechoisir.org : Rougeole : la recrudescence des cas inquiète les autorités

 Pierre BESNARD, responsable santé, UFC-Que Choisir de la Sarthe

 

16 avril 2018