Vente de pesticides : nouvelle réglementation où en est la Sarthe ?
Depuis le 1er janvier 2017, réglementairement, l’accès aux pesticides chimiques n’est plus libre pour les collectivités et les particuliers.
Qu’elle est la situation dans les magasins sarthois ?
La loi n°204–110 du 6 février 2014, visant à mieux encadrer l’utilisation des produits phytosanitaires au niveau national, dite « Loi Labbé » et la loi n°2015–992 du 17 août 2015, relative à la transition énergétique pour la croissance verte, stipulent :
- qu’à compter du 1er janvier 2016 les distributeurs doivent engager un programme de retrait de la vente en libre-service des pesticides chimiques ;
- qu’à partir du 1er janvier 2017, la vente en libre-service des pesticides ne sera plus autorisée. Ces produits seront délivrés après un conseil personnalisé donné par un vendeur certifié. Les produits de bio-contrôle ou à faible risque ne sont pas concernés par cette mesure ;
- que dès le 1er janvier 2019, la vente des pesticides chimiques sera interdite aux particuliers.
La réglementation semble mise en œuvre dans la Sarthe
L’UFC-Que Choisir de la Sarthe a enquêté, auprès des différents rayons proposant des pesticides, afin de vérifier si les professionnels concernés respectaient bien ces dispositions réglementaires.
Les enquêtes ont porté sur 43 magasins du département dont 31 avec spécialisation « jardinerie » et 12 Grandes et Moyennes Surfaces (GMS).
Parmi les 43 magasins visités, 33 d’entre eux (77 %) ont mis en place un dispositif visant à interdire le libre-accès aux pesticides de synthèse. On trouve 2 principes :
- une mise sous vitrine cadenassée pour 24 enseignes, interdisant l’accès libre aux produits ;
- un dispositif visant à interdire l’accès aux rayons concernés pour 9 cas. Il s’agit d’un comptoir ou autre, disposé devant les rayons.
Tous ces dispositifs nécessitent l’appel d’un vendeur pour avoir accès à l’un des produits protégés. S’il est obligatoire pour les vitrines, il n’en est pas de même pour les comptoirs où l’on peut passer derrière en poussant les portillons ou à côté en tendant les bras. Ce sont dans les jardineries, dont certaines signataires de la charte « Jardiner au naturel », que l’on trouve ce système plus ou moins inviolable (Jardiland, Truffaut, Delbard, Bricomarché…).
Sur les 10 magasins restés en libre-service seuls 2 vendent encore des pesticides de synthèse, les 8 autres n’en proposent plus (19 %).
Moins de pesticides chimiques proposés à la vente
Cette nouvelle réglementation s’accompagne, pour le département sensibilisé à « Jardiner au naturel », à un certain retrait de la vente de pesticides de synthèse. Le fameux, Round’up, montré du doigt comme dangereux n’est souvent plus en vente ! Ainsi des magasins ne proposent que des produits compatibles avec une agriculture biologique. Parmi ceux-là, il y a bien sûr les 8 restés en libre accès mais aussi quelques autres qui ont absolument tout protégé. Plus de 80 % des magasins demandent de faire appel à un technicien pour acquérir un pesticide. Est-ce lié à une volonté de mettre en garde sur les dangers de l’usage des produits chimiques de synthèse ? Même si pourtant on trouve, assez souvent, du chlorure d’alkyl diméthyl benzyl ammonium comme antimousse totalement libre d’accès !
Améliorer encore l’information
Seulement 42 % des magasins enquêtés donnent une information sur cette nouvelle réglementation. Une meilleure diffusion inciterait davantage les consommateurs à jardiner plus naturellement. Enfin seulement 56 % des magasins affichent, plus ou moins bien, l’annexe de l’arrêté sarthois du 12 octobre 2010 qui précise les distances à respecter pour l’usage des pesticides vis-à-vis des points d’eau.
Alain André, commission environnement