UFC-QUE CHOISIR DE LA SARTHE

Environnement / Energie

Qualité de l’eau dans la Sarthe

Qualité de l’eau : l’état des ressources en eau dans la Sarthe

En 2010, pour les 550 000 habitants des 375 communes du département, 117 unités de distribution ont fourni 41 millions de m3 d’eau potable à partir de 159 captages.

Une eau du robinet de bonne qualité pour les sarthois

Cette eau distribuée se révèle globalement de bonne qualité. En matière bactériologique 99,5 % des analyses ne révèlent aucun problème. Au niveau des nitrates plus de 88 % des sarthois ont consommé une eau avec moins de 25 mg/L. Pour seulement 1 % de la population, des pics de concentrations ponctuelles ont atteint voire dépassé les 50 mg/L (maximum autorisé), mais ce fut de courte durée. Pour les pesticides, 36 % des recherches, au niveau du robinet, en ont décelé la présence mais les teneurs restaient faibles (53 % à moins de 0,05 µg/L).
Cependant 3 unités de production ont dépassé la limite de qualité, un dépassement qui a concerné 2 % de la population.

Cette production d’eau potable provient pour 43 % d’eaux superficielles et 57 % de nappes phréatiques et alimente, respectivement, 47 % et 53 % de la population. Les eaux superficielles prélevées sont celles de l’Huisne (Le Mans, La Ferté), de la Sarthe (Sablé) et du Loir (La Flèche). Quant aux eaux souterraines utilisées, elles sont issues des nappes du cénomanien (pour 50%) plutôt à l’est du département, et du bajo-bathonien plus à l’ouest…
Cette situation satisfaisante de l’eau distribuée en Sarthe ne doit pas masquer la contamination importante de certains aquifères.

Les eaux superficielles sont soumises aux crues, aux pollutions domestiques, industrielles et surtout agricoles.

Si les teneurs moyennes en nitrates oscillent entre 18 et 23 mg/L sans dépasser les 50 mg, les 4 captages sur rivières montrent des teneurs élevées en résidus de désherbants : glyphosate (Roundup) et AMPA, isoproturon (pour céréales), voire atrazine (pour maïs) pourtant interdite depuis 2003 et nicosulfuron un remplaçant.
Cependant les limites de 2 et 5 µg/L n’ont jamais été atteintes.

La potabilisation de ces eaux nécessite des traitements complexes et coûteux : décantation, filtration sur sable, filtration sur charbon actif, désinfection au chlore.

L’état des nappes phréatiques et tout particulièrement des nappes libres est bien différent.

Dix captages en eau souterraine ont présenté une teneur moyenne en nitrates supérieure à 50 mg/L et treize ont montré des teneurs maximales comprises entre 50 et 100 mg/L.

L’utilisation massive des engrais chimiques semble plus polluante en la matière que la valorisation des effluents d’élevage, contrairement à ce qui est souvent avancé !

N’oublions pas que 44 % des communes du département sont en zone vulnérable c’est-à-dire nécessitant des obligations en matière de fertilisation azotée (moins de 250 kg d’azote à l’hectare, plan, cahier et calendrier d’épandage des effluents d’élevage, bande enherbée en bordure des cours d’eau, maintien d’un couvert végétal pour piéger les nitrates…).

Le département détient aussi 10 des « 500 » captages nationaux dits « de Grenelle » où les risques sont particulièrement élevés en matière de pollution diffuse des nitrates et des pesticides et qui obligent la mise en place de mesures agro-environnementales pour 2012.
La dépollution des eaux des nappes oblige au moins une désinfection. Une cinquantaine dispose en plus d’une filtration sur sable ou physico-chimique ou biologique. Enfin d’autres possèdent des dispositifs de dénitrification voire de décarbonatation pour diminuer la dureté des eaux qui, globalement, reste élevée en Sarthe.

Toute cette purification augmente considérablement le coût de l’eau du robinet.

Ces pollutions agricoles entrainent une dépense, au niveau national, de l’ordre de 1 à 1,5 milliard d’euros pour les ménages, soit une augmentation moyenne de leur facture d’eau de 7 à 12 % !
Mais pour les citoyens des localités les plus polluées on atteint une dépense supplémentaire de 215 € / personne/an ! On est loin du principe constitutionnel « pollueur-payeur » défendu par l’ UFC-Que Choisir.
Le coût pour nettoyer l’eau de 1 kg de nitrates est de 70 €. Ce coût passe à 60 000 € par kg de pesticides… !

Il serait beaucoup moins onéreux de prévenir cette pollution mais le syndicalisme agricole majoritaire, se montre peu enclin à mieux respecter la ressource en eau tant du point de vue quantitatif que qualitatif. L’agriculture consomme 48 % de l’eau en période ordinaire et 79 % en période estivale, ce qui est excessif face à une raréfaction de la ressource.

Quant aux pesticides, la France est de loin le plus gros utilisateur européen et le 4ième mondial derrière notamment les Etats-Unis et le Brésil.

Le plan Ecophyto mis en place, suite au « Grenelle de l’environnement », pour réduire de 50 % la consommation de ces produits à l’horizon 2018 est bien mal parti

L’utilisation des produits phytosanitaires a encore augmenté de 2,6 % sur les 3 dernières années !
Les professionnels de l’agriculture se montrent réticents à modifier leur façon de produire et mettent beaucoup d’énergie à justifier l’agriculture industrielle qu’ils pratiquent.

Dans ce contexte, les agriculteurs de bon sens, favorables à un changement plus écologique de l’agriculture, ne suffiront pas à atteindre les objectifs fixés à l’agriculture biologique par le Grenelle de l’environnement.

Alain ANDRE, commission environnement

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