UFC-QUE CHOISIR DE LA SARTHE

Commerce

Agro-alimentaire prix poids volume

Les stratégies fallacieuses de la distribution et des industriels de l’agro-alimentaire

Prix, poids, volume, quantité…

Les petites manœuvres de la grande distribution

Les produits agricoles
Plus d’un an après l’énorme flambée des prix des produits laitiers et céréaliers et alors que la loi de modernisation de l’économie (L.M.E.) est désormais entrée dans sa phase d’application, force est de constater que la chute des prix agricoles n’a pas été répercutée auprès des consommateurs.
Comme l’a encore affirmé récemment Alain Bazot, le président de l’UFC-Que Choisir, la grande distribution est la principale responsable de ces marges exorbitantes au détriment des consommateurs et des producteurs. Le rapport d’Éric Besson, alors secrétaire d’état chargé de la prospective, sur la formation des prix l’a clairement établi.
Quelques exemples pour illustrer le propos :
En 2008, le prix des céréales a baissé de 51%, mais le prix du pain est toujours à la hausse, le prix des oléagineux quant à lui a chuté de 38%,
Après avoir subi une diminution de 30% en un an, le litre de lait est actuellement acheté 0,20€ au producteur, soit le même prix qu’il y a 25 ans, alors que le lait entier est vendu, en moyenne, 1,05 € dans une bouteille de grande marque et entre 0,75 € et 0,95€ sous une marque de distributeur,
Entre 1990 et 2008, le prix payé aux éleveurs de bovins a baissé de 10%, à ceux de porcs de 5% et à ceux de volailles de 18% tandis que les prix payés par les consommateurs n’ont cessé d’augmenter durant la même période, respectivement de 48%, 26% et 19%.
Les achats par lots
Les consommateurs doivent se montrer plus vigilants que jamais quand ils font leurs courses dans les rayons des grandes surfaces. Chacun a pu constater que les produits vendus par lot, même s’ils sont catalogués en promotion, peuvent parfois se révéler plus chers que les mêmes produits achetés à l’unité. Par exemple, dans l’agglomération nantaise, on a repéré une « offre spéciale lot de 4 paquets » de pâtes Lustucru 38% plus chère qu’à l’unité.
Les formats économiques
Le consommateur croit souvent faire une affaire en mettant dans son chariot une boîte au « format économique ». Pourtant, malgré les apparences et les indications portées sur le paquet, le prix au kilo de certains emballages « grand format » sont supérieurs à celui des petits habituellement proposés.
Quelques exemples tirés de témoignages de consommateurs qui montrent que ce phénomène est loin d’être marginal :
Il est moins cher d’acheter 2 paquets de céréales « Spécial K » de Kellogg’s de 375g (5,73€/kg) qu’un paquet de 600g portant la mention « format économique » (6,50€/kg). Les sachets « senséo » de la Maison du Café vendus au « format économique » sont à 14,56€ le kilo contre 13,92€ le kilo pour le paquet ordinaire. La boîte de 100 sachets de thé Twinings « earl grey » est vendu 43,80€ le kilo tandis que celle de 25 sachets coûte 36,60€ le kilo. L’ancien pot de 750g de Nutella était vendu à 3,20€ le kilo, le nouveau qui en contient 780g atteint 5,55€ le kilo.

Les tactiques insidieuses des industriels
Dans une économie basée sur la libre concurrence, les industriels rechignent à faire apparaître des augmentations de prix qui ne sont guère prisées par les consommateurs. Aussi usent-ils de divers procédés spécieux pour doper les prix sans que cela saute aux yeux des clients.
Le procédé le plus fréquent consiste à diminuer discrètement la quantité du produit contenu dans l’emballage qui souvent demeure inchangé : moins de sachets dans la boîte de thé, moins de liquide dans la bouteille, biscuits plus petits (le paquet « Prince de LU » au chocolat passé de 330g à 300g), moins de dosette dans le paquet de café (celui du café « l’or intense » passe de 18 dosettes senséo à 16 dosettes), moins de mouchoirs dans les paquets (Lotus fait des paquets « compacts » de 8 mouchoirs, Kleenex fait des « packs éco » avec 7 mouchoirs « kleenex original »), moins de riz dans le paquet (le paquet de riz thaï Lustucru contenait auparavant 4 sachets de 125g, soit 500g, aujourd’hui le paquet contient 5 sachets de 90g, soit 450g).
Un autre procédé consiste pour les fabricants à transformer l’emballage, à le relooker voire à le changer complètement pour prendre à défaut la vigilance du consommateur. Quelques exemples : le sucre en poudre vendu dans des sachets plastiques de 750g plus cher de 10 à 25%que le traditionnel paquet en carton ; vendus par 4, les crèmes dessert « Danette » de Danone pèsent chacun 125g, vendus par lots de 12 ou de 16 pots, chacun ne pèse plus que 115g ; la vinaigrette allégée à la moutarde Amora a changé de flacon, l’ancien contenait 500ml de vinaigrette et coûtait 1,41€, le nouveau contient 450ml de vinaigrette et voit son prix passer à 1,95€.
La modification de la recette constitue la troisième méthode pour faire passer une discrète augmentation. Il s’agit la plupart du temps de remplacer des ingrédients onéreux par des matières premières moins nobles ou de doser différemment les éléments de la composition. Gare aux pizzas surgelées, au pain de mie …

L’inflation cachée
Toutes ces ruses portent un nom : l’inflation cachée car difficilement détectable dans les statistiques officielles. Pour l’INSEE qui suit l’évolution des prix des articles, lorsqu’un article cesse d’être commercialisé, la série des prix est interrompue et une autre commence sans qu’on puisse faire le lien avec la précédente. Ces hausses cachées sont mal prises en compte par l’INSEE et pourtant elles correspondent à une inflation réelle bien ressentie par les consommateurs.

Quand l’Union Européenne fait le jeu des professionnels du marketing en leur permettant de brouiller les pistes … et les prix de vente.
Une directive européenne du 5 septembre 2007, transcrite en droit français par un arrêté du 8 octobre 2008, est entrée en vigueur le 11 avril 2009. Elle met fin aux conditionnements standards et réglementés auxquels nous étions habitués pour une centaine de produits : les conserves, les paquets de farine et de riz, les fromages frais, les eaux minérales, les jus de fruits, les huiles, les tubes de dentifrice, les pelotes de laine, les filets de poissons surgelés, le sucre, le sel, le lait, la bière, le cirage …
Officiellement cette réglementation doit permettre, selon Bruxelles, « d’offrir un plus large choix aux consommateurs, des prix plus bas et de réduire la quantité d’emballages produite ».
Désormais, les prix au kilogramme, au litre ou par article demeureront les seuls repaires fiables. Aux consommateurs de s’adapter à cette nouvelle donne, sauf à payer leur alimentation plus cher que par le passé.

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